1. Le parfum du désir


    Datte: 25/11/2025, Catégories: Collègues / Travail Auteur: Landeline-Rose Redinger, Source: Revebebe

    ... fine. Mais que vous apprends-je que vous ne sachiez déjà ?
    
    Les conditions de lieu sont les mêmes ; il faut tout de même inclure dans l’expérience la journée ensoleillée qui ne le fut pas dans l’expérience initiale. Je souligne donc cet élément météorologique à Colin Durand, sachant que n’en point tenir compte fausserait en quelque sorte les données finales de cette étude.
    
    Colin Durand en convient et l’intègre hic et nunc dans les paramètres indexés aux calculs du taux énergétique du désir.
    
    Devant mon miroir, j’avais en ligne une petite dizaine de paires de souliers, allant de la ballerine à l’escarpin sans omettre la botte et la cuissarde. Mais, me ravisais-je, susciter le désir n’est pas une injonction que le cerveau doit recevoir. Non pas d’ordre, pas de diktats. Oui, de la suggestion. Je reléguais cuissardes et talons hauts au-delà de quatorze centimètres. Pas plus la micro-jupe ou le décolleté affolant. Non, le désir est en demi-teinte, le désir aime le mystère, joue la farce du voile. Que je fusse affublée telle une pute, ce qui au demeurant m’est parfois agréable, ne serait pas pour l’affaire qui nous occupe un curseur satisfaisant. L’argent est le trait d’union de l’homme et de la pute. Alors l’homme est celui du pouvoir et la phase de séduction n’a plus lieu d’être, s’efface devant la transaction financière. Donc « pute » n’est pas de mise aujourd’hui.
    
    La robe noire est un classique de la séduction. Une épaule dénudée en est un autre.
    
    Au-dessus du ...
    ... genou, environ quinze centimètres. Assise, sa lisière en gagne la mi-cuisse. Jambes croisées, nous sommes précisément à la jonction du secret et de la trajectoire du désir. Donc ma robe noire. J’ai une affection pour celle-ci, car son histoire est singulière.
    
    De toute évidence, et l’automne en est le guide, le collant noir de soie est la touche inconditionnelle de l’érotisme féminin. Rendons hommage à Bernard Giberstein qui coula corps et âme dans les flots lourds et désordonnés de l’océan. Est-ce que lors de sa lente descente dans les fonds marins, le créateur de DIM se vit accompagné d’une cohorte de nymphes en bas de soie ?
    
    Le chaussant est de confort. Maison Ernest, on ne s’y trompe pas. J’ai une affection pour la bottine qui, couvrant la cheville, laisse l’élancement du mollet annoncer l’affinement de la jambe. La cuisse se cache au croisement horizontal du tissu de la robe. Et là, s’intensifie le désir.
    
    Le petit blouson de cuir de vachette tranche, mais ne dépare pas de l’ensemble sombre qui me couvre. La chevelure lâchée est indéniablement, pour peu que l’on y passe ses doigts en fourche de temps à autre, indistincte de l’érotisme, un passage obligé. Inévitable.
    
    Je cultive à loisir l’art de la fabrique, car c’est ainsi que je m’entrevois, une fabrique de stimuli. Je suis, me semble-t-il, une machine organique génératrice de stimuli. Mon corps est un objet du désir.
    
    Sans étendre ma pratique de l’autostimulation, je connais les codes. Les codes du goût, de ...
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