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Le parfum du désir
Datte: 25/11/2025, Catégories: Collègues / Travail Auteur: Landeline-Rose Redinger, Source: Revebebe
... l’odeur, du visuel. Semblablement, les matières qui induisent l’envie, fussent-elles seulement entrevues. Le capteur de Colin Durand, et démonstration m’en a été faite, a la capacité surprenante de détection d’ondes du désir passager. Assise en terrasse, croisant un ou plusieurs hommes, parfois le curseur simultanément aux regards insistants ou obliques, passe du vert pâlichon au rouge et réintègre le vert selon que le croisement de nos corps est rapide ou éloigné. Pour ce qui est du goût, la langue en est l’organe, et bien entendu nous n’en sommes pas à cette finalité. Blush et rouge à lèvres, fard à paupières, vernis à ongles. Autant de teintes et de couleurs parties prenantes de la propagation du désir. Le temps est frais, mais néanmoins le soleil tenace tient son rang jusqu’à l’arrivée rapide de la nuit. Octobre nous plonge dans ce brouillard sombre à peine sortons-nous de la douceur de l’été, de nos corps presque nus, de nos épaules teintées, de nos visages hâlés. Bientôt, le fard fait son office solaire. Mais au contraire de mes amies, je ne me pose pas nue sous les rayons bleus des UV. Lorsque je quitte ma ruelle, je suis dans le désir de susciter le désir. Dans le plaisir d’une représentation de la jouissance à venir. J’ai cette intrinsèque capacité. Quelque chose tourne autour de moi que d’autres verront, humeront, un effluve qui taquinera la narine. Mon parfum, voilà le lien d’une rencontre olfactive et optique. Je ne peux sans livrer ici un ...
... détail intime, vous conduire jusqu’au café où je m’en vais rejoindre Colin Durand. Oui, chacun de mes pas lance en résonance le cliquetis sec de mes talons, chaque cliquetis appelle un regard détourné, chaque regard transporte son rayon de désir et de chaque désir découle une humidité soyeuse à l’entrecroisement de mes cuisses. Ma marche d’approche est à elle seule une dispersion vaporeuse de désir. Lorsque j’entre dans le Grand Café, déjà le sourire affiché de Colin Durand laisse présager de l’amplitude du désir. Écartant les pans de mon blouson, Colin Durand glisse le capteur en effleurant mon sein et l’écran se teinte de faisceaux verts luminescents. Croiser les jambes en écartant mon siège de la table, confère à une bonne partie des hommes alentour une émanation soudaine d’envie. — Mais, m’enquiers-je, mon désir n’est-il pas mesuré ? — Non, répond Colin Durand, concentré et visiblement satisfait. — Et disons-le, qu’il le soit ferait s’enflammer la machine, fais-je. Mais Colin Durand est à la fois absorbé et sans doute déconcerté par les dizaines de rayons rouge sang qui traversent son écran. Pour les marqueurs de proximité, mesurés par son expérience, une seule femme, vieille femme au milieu des hommes. Je doute fort alors que son désir pour moi soit entier, j’y verrais plutôt de la nostalgie, voire de la mélancolie. Le moindre de mes gestes de mains, hochement de tête, rire un peu appuyé accroît les striures de l’écran. La salle est une bombe à neutrons de ...