1. Le parfum du désir


    Datte: 25/11/2025, Catégories: Collègues / Travail Auteur: Landeline-Rose Redinger, Source: Revebebe

    ... toujours d’après Colin Durand, que les radiations du désir peuvent par entrecroisement se multiplier, se disperser, devenir un élément vaporeux insaisissable dont la propagation peut s’étendre au-delà des murs des maisons, au-delà des villes, des continents.
    
    Dans son étude, Colin Durand s’est focalisé sur le désir sensuel ou sexuel, faisant volontairement le choix arbitraire de l’observation d’êtres humains féminins et masculins.
    
    Il va s’en dire que l’algébrique combinaison homme-homme ou femme-femme est sans doute soumise aux mêmes flux et ondes. L’objectif de notre jeune savant fou n’est aucunement de démontrer scientifiquement les choses ni d’en extraire une fumeuse théorie, non comme il vous est dit en préambule, Colin Durand veut proposer et soumettre les recherches menées sur une personne, moi en l’occurrence, sans en accoucher d’une règle sociologique.
    
    Donc, si je suis vêtue simplement – pour cette fois – suivant la consigne de Colin Durand, eh bien, les curseurs sont au point nul ou presque.
    
    Je m’explique :
    
    Munie d’un récepteur, je suis le centre même – selon Colin Durand – de la manifestation du désir des hommes de ce Grand Café.
    
    — Mais, rétorqué-je, sans doute les désirs de certains se portent-ils ailleurs.
    — Certes, dit-il, mais nous ne mesurons là que ceux qui convergent vers ton récepteur et tracent la ligne de couleur ascendante, horizontale ou descendante sur mon écran.
    
    Devrais-je être quelque peu vexée que la ligne fût verte et plane ? ...
    ... Disons-le, vous qui me connaissez bien, que l’on me désire est bien la raison unique jusqu’alors de ma joie de vivre.
    
    Je conviens donc de mettre en regard du désir les éléments réunis du charme et de l’érotisme.
    
    Là, jogging informe et capuche me rendent asexuée, presque indissociable du reste des hommes. Quittant mes lunettes, abaissant ma capuche, la courbe verte se teinte dans la foulée d’un orangé pâlichon et entame une légère ascension, faible, certes, mais presque visible à l’œil nu.
    
    Sur l’écran, on peut voir clairement converger vers ce qui me symbolise, un tracé lumineux de droites pointillées, qui représente le désir.
    
    Colin Durand me demande de lancer ma chevelure en arrière et la courbe oscille, un éclat de rire la fait se dresser un tantinet.
    
    Se peut-il donc que le désir soit un effet, une masse gazeuse électrique ?
    
    Et si poursuivant alors la logique mathématique d’une énergie du désir, si nous pouvions alors alimenter des turbines, si nous faisions battre les ailes des éoliennes, ne serions-nous pas des dieux ? Des déesses ?
    
    Si le désir éclairait les villes ?
    
    Serais-je le premier maillon d’une énergie nouvelle et à l’infini renouvelable. Lorsque je quitte Colin Durand, je suis heureuse d’avoir généré un milliardième de l’énergie terrestre.
    
    La phase numéro deux de l’expérience exige un prélude, et au postulat de base de Colin Durand, je compte bien ajouter ma touche personnelle. Ma connaissance de l’éclosion du désir est on ne peut plus ...
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