-
Le club des désespérés
Datte: 23/11/2025, Catégories: #société, #romantisme, #lieuderencontre, fh, gros(ses), hotel, amour, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
... pardonnez pas, dit-elle, personne ne pourra vous pardonner. Voilà mon dernier recueil de poèmes. Je voudrais que vous le lisiez et que vous me donniez votre avis. Il y a mon numéro de téléphone sur la première page. Quand vous aurez envie de m’en parler, vous pourrez m’appeler. — Je ne sais pas, répond-il en ne prenant pas le livre mince qu’elle lui tend. Je n’ai jamais lu de poésie et il ne me semble pas que c’est le bon moment pour commencer. Et je ne sais pas comment on pourrait faire pour se revoir. Je ne veux plus revenir dans ce café, par exemple. Il y a tous ces gens qui boivent du vin ou de la bière, c’est une vraie torture. Sofia regarde son verre de vin blanc où elle a à peine trempé ses lèvres et le sirop de menthe posé devant Antoine. Elle les prend et va les mettre sur une table vide un peu plus loin. Puis, elle revient s’asseoir. Il pense qu’elle est vraiment grosse, ses fesses sont énormes. — Si mes poèmes ne vous touchent pas, nous n’aurons rien à nous dire, alors autant s’éviter un moment désagréable de plus, nous en vivons déjà assez chacun de notre côté. Pourtant, j’espère encore un petit peu et on pourrait se retrouver n’importe où, où vous voudrez. — On pourrait se retrouver au zoo, devant les girafes. J’aime beaucoup les voir déambuler de leur démarche aristocrate. Depuis que je suis sorti de prison, je vais les voir chaque week-end, cela m’apaise. — Oh, il faudra que je voie ça. Il y a peut-être un poème à écrire sur les girafes. À ...
... bientôt. Sans attendre, Sofia pose son petit livre devant Antoine, se lève et se dirige vers la sortie. Il regarde à nouveau les fesses de la jeune femme et se demande ce qu’on peut faire avec ça. Il est amoureux d’elle, déjà, amoureux de son optimisme lucide, de sa générosité innée. Comment une femme pouvait-elle imaginer passer du temps avec un homme qui avait écrasé ses poings sur le visage de sa compagne pendant des années ? Quelques heures plus tard, assis sur le bord de son lit, dans le minuscule studio où il vit maintenant, Antoine ouvre fébrilement le recueil à la couverture bleu nuit. Sur la première page, blanche, il y a en effet un numéro de portable, sans autre indication. Page suivante, se trouvent le titre « Dans le Ventre de la Baleine » et le nom de l’autrice « Sofia Sofia ». Il a une pensée pour le verre qui l’aiderait à entrer dans la nuit qui tombe et il tourne la page. C’est une épreuve pour Antoine qui n’est pas un grand lecteur de simplement déchiffrer le texte. Ensuite, il se perd dans des réflexions sans fin pour en comprendre le sens qui finalement lui échappe. Il tourne la page. C’est plus facile à lire, mais chaque image pose une question qui aussitôt appelle un souvenir qui génère une nouvelle question. Deux poèmes, c’est certainement suffisant pour un premier jour. Puis le temps continue de passer. Sofia écrit. Elle écrit beaucoup, mais elle détruit beaucoup. Elle se chauffe avec un poêle à bois qui mange un nombre considérable de poèmes. ...