Le club des désespérés - Histoires de Sexe

Le club des désespérés

... chose que je dois vous dire. Je veux être honnête, de toutes mes forces, il ne me reste plus que cela. Ma femme m’a quitté parce que je lui tapais dessus. Elle est partie avec mes deux enfants que je n’ai pas vus depuis trois ans et j’ai été condamné à de la prison pour violences conjugales. J’avais aussi un problème avec l’alcool. Je ne bois plus depuis mon divorce et je participe toujours aux rencontres des Alcooliques Anonymes. Je vivais dans un stress permanent et j’avais l’impression qu’elle n’était pas loyale, qu’elle ne m’aidait pas comme elle aurait dû le faire. Ce n’est pas une excuse. Je suis une psychothérapie. Au début, c’était une décision de justice, mais, maintenant, l’injonction est terminée et je continue pourtant à voir ma psychiatre chaque semaine. C’est une vieille dame qui m’apprend énormément de choses sur le monde et sur moi-même. Je crois qu’on se fout de ce que j’aime et de ce que je refuse. Je vais directement vous dire ce que j’attends de notre rencontre. J’ai besoin d’une raison pour me lever le matin. Depuis que je ne bois plus, tout a l’air si gris et si terne. La vie est sans saveur, avec juste les regrets et les remords qui tournent en boucle dans ma sale caboche. Depuis trois ans, je ne bois plus et je ne baise plus. Je sais que je ne boirais plus jamais, mais je voudrais baiser encore. Pour le moment, personne ne me l’a interdit. J’ai essayé avec une prostituée et je n’ai pas réussi. Je ne la respectais pas. Ce n’était pas sa faute, mais ...

... c’est ce que je ressentais et je n’ai pas réussi. Je tapais sur ma femme parce que j’avais épousé une personne que je ne respectais pas. Depuis le début, je la croyais bête et égoïste et j’aurais dû mettre fin à notre relation dès que j’ai pris conscience de cela. Voilà, je souhaite trouver une femme qui me soit supérieure et qui baise.

C’est à nouveau le silence. À toutes les tables, des gens se parlent et se regardent. Certains se plaisent peut-être et d’autres attendent avec impatience que cela soit fini, mais Sofia et Antoine attendent je ne sais quoi, sans parler, sans se regarder. Devant eux, sur la table, il y a toujours la petite fiche qui précise la suite de la rencontre.

Curieusement, bien qu’il se sente incapable d’ajouter quoi que ce soit, c’est Antoine qui reprend la parole le premier.

— C’est facile, dit-il en montrant la fiche, nous n’avons rien en commun. Certainement, nous ne nous reverrons pas alors je tiens à vous dire ce que je pense de vous, du peu que je sais : vous avez la voix d’une femme qui peut rendre un homme heureux. On peut se glisser dans cette voix comme sous une couette et y passer de bons moments. Alors, ne cédez rien de vos certitudes et de vos espoirs, et surtout, n’essayez pas de vivre avec un homme qui n’en vaut pas la peine.

Antoine se permet de lever légèrement les yeux. Sofia est en train de lui sourire, un sourire étrange, crispé peut-être. En même temps, sa main cherche quelque chose dans son sac.

— Si vous ne vous ...