Hypnose
Datte: 24/09/2019,
Catégories:
fh,
ff,
couple,
soubrette,
lavement,
historique,
Auteur: Agerespectab, Source: Revebebe
... question ?
— C’était au Bois, j’allais un peu vite. Il est vrai que mon Aramis est fringant, mais votre adorable silhouette, votre robe blanche à pois bleus et votre ombrelle assortie se voyaient de loin et, même si j’ai tout d’abord pensé qu’une jeune femme seule, à pied sur la grande allée paraissait… incongrue, j’étais tout à fait prêt à vous éviter, sans vous frôler, ni même vous éclabousser ou crotter votre si jolie robe. Mais vous avez fait deux pas à gauche, au tout dernier moment. J’ai bien cru vous avoir tuée… Donnez-moi, je vous prie, votre adresse, que je puisse rassurer votre famille au plus vite !
— Eh bien, Monsieur, je le voudrais bien, mais j’en suis tout à fait incapable…
Ses beaux yeux verts s’emplirent d’étonnement :
— Mademoiselle, je vous supplie de ne point vous moquer, je vous assure que je suis déjà bien marri de cette mésaventure dont je me sens responsable… Par pitié, n’ajoutez pas la coquetterie…
— Monsieur ! Je ne vous permets pas ! Je vous dis très sincèrement : je n’ai aucun souvenir ! Je ne sais pas quel est mon nom, mon adresse… Ai-je seulement une famille ? Je… je…
Et j’ai fondu en larmes. Il a pris ma main, n’a plus rien dit, s’est contenté de me regarder un long moment. Puis il m’a saluée avant de sortir.
J’ai dormi à nouveau. J’ai fait la connaissance du Docteur Dumoullin qui m’a examinée avec l’aide d’une domestique. J’étais vêtue d’une chemise qui descendait jusqu’à mes pieds. Il auscultait du bout des doigts, à travers ...
... la chemise, me tournait et retournait avec l’aide de cette grosse femme très douce ; ils avaient bien compris que je n’étais qu’une immense ecchymose, de la tête aux pieds. La camarde n’avait pas voulu de moi. Je n’avais aucune fracture, j’étais passée miraculeusement entre les sabots et les roues, ma tête seule avait cogné assez durement. Je reste aujourd’hui persuadée qu’Aramis, un splendide pur-sang d’une intelligence folle, d’une agilité foudroyante, a réussi à ne pas me toucher.
Je suis restée dans cette chambre trois semaines. La grosse domestique, Marie-Anne, et une autre plus jeune, une certaine Betty, venaient me laver et me masser avec de la graisse de marmotte. Le lendemain de mon réveil, Léopold est entré en brandissant un journal :
— Voilà ! Vous êtes Sophie de la Hayre ; vos parents ont fait paraître un avis de recherche dans les quotidiens du soir.
— Nous voilà bien avancés !
Je ne me souvenais toujours de rien ; l’amnésie totale. Même en revoyant mes parents, aucun souvenir ne se manifesta. On me déclara intransportable et Léopold obtint de sa mère qu’elle plaidât auprès de mes parents pour continuer de m’héberger.
Mais comment peut-on oublier sa vie sans rien oublier de sa culture ? Je sais toujours jouer passablement du piano et jouer au whist, je pourrais servir la messe si les filles y étaient admises, je parle toujours anglais et italien, je me débrouille en allemand - en évitant de le laisser voir, tant le sentiment germanophobe des Français ...