Hallucination - Billevesée et Gaudriole !
Datte: 24/09/2019,
Catégories:
fh,
fff,
confession,
fantastiqu,
sorcelleri,
fantastiq,
Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe
... condamner. Je pense, quant à moi, que la majorité des serviteurs de cette exécrable institution sont de bonne foi et surtout de foi. Ils veulent réellement éradiquer, pour notre salut et celui de leurs coreligionnaires, un mal auquel ils croient. Pourquoi sinon mettraient-ils tant d’efforts à nous faire abjurer une fois la confession de nos supposés péchés obtenue. Ils sont dans l’ensemble loin d’avoir renoncé à toute humanité mais la leur, hélas, n’est point la nôtre. Le processus s’est maintenant emballé et cet étrange pouvoir qu’on leur confère de régenter les âmes est monté à la tête de certains. N’avez-vous pas constaté que les plus affreux tyrans ne sont pas ceux qui travaillent à s’enrichir outrageusement, mais ceux qui œuvrent pour le plus grand bien du peuple. Sont-ils tous simplement cyniques, je ne l’imagine pas. Leur idyllique vision oublie systématiquement que le plus grand bien inclut pour beaucoup d’entre nous le fait d’être libres de choisir ce que nous souhaitons être notre plus grand bien. Ma mère aussi, à l’entendre, ne voulait que mon bien.
Suite à cette discussion, elle modéra un peu ses activités illicites. Pendant les longues heures où elle tint le rôle de modèle et nos plus rares moments d’intimité, je parvins peu à peu à gagner suffisamment sa confiance pour pouvoir l’entretenir même de ces sujets. Quelque temps plus tard, au cours d’une séance de pose dans la discrétion de mon atelier, je réitérai ma demande à propos des sabbats et d’un éventuel ...
... concours de ma part. Elle admit y avoir participé et me demanda :
— Mais qu’est-ce donc, pour vous, qu’un sabbat ?
Je le lui décrivis en deux mots comme ce rendez-vous de sorcières arrivant sur leurs balais et se livrant aux pires extrémités.
Elle éclata de rire et répliqua :
— Vous seriez bien déçu, un sabbat ne rassemble guère qu’une dizaine de pauvres filles terrorisées de mon genre, qui se rencontrent pour troquer quelques recettes et des herbes, quelques onguents et philtres composés à partir de plantes simples et d’organes d’animaux parmi lesquels ne figurent qu’exceptionnellement de la bave de crapaud ou des venins de serpents. Outre ceci, c’est échange de nouvelles et de ruses pour échapper aux archers ou d’arguments pour tromper un tribunal, malheureusement aussi de récits concernant celles d’entre nous qui se sont fait arrêter. Ce que vous m’évoquez, c’est le grand sabbat qui existait dans un lointain passé mais n’a plus cours actuellement.
Je devinai qu’elle ne m’avait pas dit toute la vérité et un peu plus tard, je l’entrepris à nouveau sur le même sujet.
Sa dénégation fut moins catégorique. Elle invoqua surtout les obstacles qui s’y opposaient : il me faudrait abjurer ma foi pour embrasser leurs idées qui, selon elle, ne relevaient pas d’une croyance quelconque et obtenir le consentement de ses comparses. L’idée faisait son chemin et bientôt elle promit de me conduire à un sabbat tout en refusant de m’en dire davantage. En attendant mon délire ...