1. Hallucination - Billevesée et Gaudriole !


    Datte: 24/09/2019, Catégories: fh, fff, confession, fantastiqu, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... que le naïf aveu de Käthe me remplissait d’orgueil et que cette flamme si tardivement confessée n’était pas pour me déplaire car à bien entendre ce qu’elle venait d’admettre, elle l’animait encore. Ma jeune comparse ressemblait tant à sa mère que je sentis mon cœur libre d’attache s’émouvoir pour elle. Elle le comprit sans doute et pour ne pas prolonger mon embarras elle relança notre discussion :
    
    — Mais n’aviez-vous pas une dernière interrogation ?
    — Si fait, mais j’éprouve quelque gêne à l’exprimer.
    — N’hésitez pas !
    — As-tu déjà, vu tes occupations, participé à des sabbats et pourrais-tu m’introduire à l’un d’eux ?
    
    À cette question, elle eut un geste de recul et son visage s’empreignit d’une terreur non simulée. Elle jeta un coup d’œil alarmé à la ronde et baissa nettement le ton si bien que je fus obligé de me pencher vers elle pour entendre sa réponse.
    
    — Mais vous êtes fou d’évoquer cela en public. Bien sûr que non, et veillez au grand jamais à ne plus prononcer ce mot.
    
    Je ne la crus point mais compris sa crainte car dans les procès en sorcellerie, c’était là toujours le premier et principal chef d’accusation – il faut dire qu’il réunissait tous les autres. Nous nous quittâmes enchantés, échangeant nos adresses et elle me promit visite prochaine.
    
    Très vite nous redevînmes amants et elle me servit plusieurs fois de modèle notamment pour La jeune fille et la mort. Elle ne souhaita pas s’installer à mon domicile, pour ne pas me compromettre, ...
    ... disait-elle. Je l’habillais de pied en cape et elle fut bientôt la réplique parfaite d’Elfriede mais elle, vraiment aimante et toute à mes soins dévouée. Ses bras effacèrent définitivement dans ma mémoire ceux de sa mère et très vite, je me résolus à l’enjoindre de renoncer à ses pratiques.
    
    — Sorcière, comme peintre, n’est pas un état que l’on quitte. Vous pouvez cesser de peindre, vous n’en resterez pas moins peintre avec un regard de peintre, des sentiments et des émerveillements de peintre. L’idéal voudrait qu’on se transmette cette condition de mère en fille. Si on peut toutefois y accéder hors de cette filiation, on ne saurait ultérieurement s’en départir. En ce sens vos inquisiteurs ont raison quel que soit le repentir réel ou feint de mes pauvres consœurs qui se sont fait prendre, elles n’auraient su oublier leurs secrets que les flammes seules peuvent détruire.
    — Comment, tu ne vas tout de même pas toi, défendre l’inquisition !
    — Certes non, mais sans la défendre, je puis la considérer différemment du public qui généralement la juge avec la partialité qu’il prête aux inquisiteurs précisément.
    — Là, je ne te suis pas !
    — Je veux dire que le plus souvent on considère qu’elle ne rassemble que de monstrueux bourreaux pervers ou stupides, incapables du moindre discernement, obnubilés par la seule idée d’alimenter des bûchers. Se comportant ainsi, on fait précisément ce qu’on leur reproche, on s’érige en juge inepte dépourvu du moindre bon sens, animé de la seule volonté de ...
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