1. Compartiment couchettes


    Datte: 17/09/2019, Catégories: fh, extracon, inconnu, train, amour, occasion, Auteur: Clovis, Source: Revebebe

    ... distribuée par la SNCF. Il observa son profil quelques instants, visa son front dégagé, apprécia son nez aquilin, ses narines palpitantes, observa le léger ourlé de ses lèvres. Cette femme était belle, incontestablement. Belle et triste. Une tristesse maquillée à l’aide de tailleurs Cacharel et de bijoux tous plus beaux les uns que les autres. Probablement triste d’être délaissée par un goujat dans la pleine force de l’âge qui, la bouche pincée, éructait sur la dernière grève des compagnies aériennes qui l’obligeait à emprunter ce maudit train jusqu’à Toulouse.
    
    François ne retrouva sa couchette qu’une heure plus tard. La nuit était définitivement tombée sur le centre de la France tandis que le train progressait à une allure modeste. Son alter ego, en pyjama, avait délaissé son quotidien pour un casque hi-fi à l’aide duquel il semblait regarder un film d’action sur l’ordinateur qui lui couvrait les cuisses. Mylène, elle, était assise dans la largeur de sa couchette, un livre entre les mains. François, en hauteur, avait tout loisir de l’observer. Il n’en fit rien. Il n’osait pas. Jusqu’à ce que le mari décide d’éteindre son ordinateur et sa veilleuse, puis de retourner de tout son long sur le ventre sans un mot de tendresse pour sa femme. Les premiers ronflements ne tardèrent pas.
    
    23 h 30. Fatigué par la lecture d’un polar dans lequel il n’arrivait décidément pas à s’immerger, il rangea son roman, retira sa chemise et se leva.
    
    — Je peux descendre le store ? ...
    ... questionna-t-il en chuchotant. J’aimerais me coucher.
    
    Absorbée par sa lecture, elle mit de longues secondes avant de réagir. D’autant que l’homme qui lui faisait face, torse nu, ressemblait trait pour trait au héros décrit dans le roman sentimental qu’elle parcourait depuis plus d’une heure : les yeux d’un noir profond, le visage anguleux, un torse puissant et musclé.
    
    — Oui… bien sûr, répondit-elle, troublée.
    
    D’un coup sec, François déroula le rideau. Puis il remonta dans sa couche avant d’éteindre sa loupiote. Mylène, dans son coin, avait repris sa lecture. Malgré le sommeil qui le tenaillait, François continuait de l’observer. À plusieurs reprises elle plia et replia les jambes. Puis, à une vingtaine de pages de la fin, après avoir jeté un œil dans sa direction, elle se déhancha pour retirer le haut de son tailleur, dévoilant des courbes généreuses. Ce n’est que quelques pages plus tard que François l’entendit pleurer.
    
    — C’est votre livre qui vous rend triste ? jeta-t-il au milieu de la nuit alors qu’elle était persuadée qu’il dormait.
    — Pardon, je ne … Je… Excusez-moi, je ne pensais que vous….
    — C’est quoi le titre ? s’enquit-il.
    — Oh, un roman à l’eau de rose. Rien de sensationnel, répondit-elle en séchant ses larmes du dos de la main.
    — Mais encore ?
    — Une histoire d’amour qui se termine mal. Rien que de très banal. Je suis désolée si je vous ai empêché de dormir, je ne savais pas…
    — Ce n’est pas grave. Mais pour rien ne vous cacher, ce sont surtout les ...
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