1. La mort de Sardanapale


    Datte: 09/09/2019, Catégories: fh, cérébral, pénétratio, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... propre corps qui ne lui apparaît plus simple entité charnelle aux courbes certes agréables et attrayantes, mais réceptacle sensuel, servi par la candeur de ses chairs, le satin moelleux de sa peau, torturé par la force des pulsions qui l’aiguillonnent ; son corps, aux exhalaisons de fruits mûrs et juteux, gorgé de sèves capiteuses, organe d’un plaisir encore inexploré, qu’elle subodore pourtant obscurément. Elle en tressaille de volupté, tantôt s’émerveille de tant de prometteuses douceurs, tantôt, les nerfs à vif, s’agace de leur inanité.
    
    Alternativement, elle pince ou cajole ses tétons s’étonnant de leur texture grumeleuse et de leur turgide érection, flatte ou égratigne son ventre pour en délivrer des essaims d’émotions, masse son postérieur, insuffisamment charnu à son goût, mignote son pubis en tressant ses duvets, promène ses doigts sur un épiderme horripilé par une prodigieuse sensibilité. Jamais avant, elle n’avait remarqué l’effronterie de ses seins sans doute présentement excités par l’indifférence d’un Sardanapale impérieux, engoncé dans ses souvenirs.
    
    Posté dans son dos, Désiré, un instant, la laisse ainsi se distraire, amusé par cet exhibitionnisme dont il se conçoit forcément l’obligatoire et unique destinataire. Il est charmé par ces transes qu’une innocente fraîcheur rend si affriolantes et que des vestiges de pudibonderie pimentent d’une enivrante sensualité. Sans imaginer combien il répond à ses attentes, le rustaud saisit son bras, le tire vers lui ...
    ... et la cambre. Elle repère maintenant, sans la reconnaître, la sombre figure de son tourmenteur par-dessus son épaule.
    
    Dieu qu’elle est belle, ainsi parée de sa fragilité, virginale et pantelante, drapée dans le tendre incarnat de sa peau que relèvent le crin noir dissimulant son sexe et les mèches châtain qui chatouillent sa gorge aux aréoles juste un soupçon carminées, mais que ses désarrois dilatent et boursouflent, frêles bourgeons distillant les ferments de jubilatoires espérances. Il n’est jusqu’à sa faiblesse dont elle ne soit fière. Cette sereine asthénie qui la maintient embarrassée, gonflée d’émois, au bord de la défaillance et la pose au seuil de cette éclosion lui conférant une nouvelle maturité tout en conservant ses airs d’adolescente à peine pubère, l’empreinte vestigiale d’une délicatesse, gracile et alanguie. Son pouls s’emballe, ses artères s’enflent d’un désir pourtant toujours abstrus dont l’objet se dérobe inlassablement.
    
    Il la renverse sur le lit. Elle pépie, paisiblement, divinement exposée, superbement vulnérable, impudique et haletante, comme une jeune maîtresse qui s’oublie totalement dans les vertiges d’une première étreinte. Ses yeux grands ouverts ne voient rien, ses sens exacerbés ne perçoivent rien si ce n’est les irradiations du bûcher de Babylone.
    
    Un poignard brûlant la sonde, un soc ardent la pénètre puis la fouille sans égard. Elle se débat convulsivement non pour esquiver cette lame, mais l’absorber jusqu’en ses tréfonds. Un éclat ...
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