La cité perdue - Histoires de Sexe

La cité perdue

... expédition a fait le tour de l’Afrique sous le règne du pharaon Néchao, et une seconde expédition a atteint un siècle plus tard ce qui est aujourd’hui le Golfe de Guinée. Visiblement, ils ont dû pousser jusqu’ici.

Kate dissimulait mal son impatience.

— Avez-vous d’autres objets à me montrer ?
— Il y en a bien d’autres ; je gage que vous allez avoir matière à étudier. Suivez-moi.

Elle sortit et resta tétanisée autant de surprise que d’effroi. Sur le seuil, deux gorilles se tenaient debout, cuirassés à la mode antique et armés. Ils saluèrent le major et se mirent en tête.

— Je comprends votre surprise, Madame, mais ne soyez pas effrayée : ce sont mes gardes du corps.
— Je… je ne comprends pas. On dirait qu’ils sont humains.
— Ils le sont, en effet. Ils parlent et communiquent. Ce brave Darwin avait raison : ce sont nos cousins. Mais laissons cela. Vous cherchiez une cité perdue ? Il y a là de quoi faire votre bonheur.

Ils étaient parvenus devant un escalier qu’ils empruntèrent jusqu’à une plate-forme qui les mena devant un temple de style classique. Il en subsistait encore le fronton, les murs et les colonnes. Une partie du toit s’était effondrée mais une porte en cèdre du Liban aux lourdes ferrures barrait encore l’accès du bâtiment. Le major fit signe à l’un de ses gardes qui lui tendit un trousseau. Il en prit une clé en bronze.

— Ma chère, ce que je vais vous montrer va certainement vous plaire…

Il tourna la clé et ouvrit les battants. Ce qu’elle ...

... découvrit la laissa bouche bée. Le long des murs étaient disposées des centaines de niches dans lesquelles on voyait des piles de rouleaux de cuir, tels ceux contenant les papyrus utilisés dans l’Antiquité.

— Inutile de vous exciter : avec le temps, les papyrus ont disparu ; ces rouleaux ne contiennent plus que de la poussière. Par contre, là, il y a quelque chose qui pourrait vous intéresser.

Le cœur battant, elle vit un monceau de tablettes d’argile cuite couvertes de caractères grecs ou phéniciens. Faute de papyrus, les colons carthaginois, coupés de l’Égypte et de l’Afrique du Nord étaient revenus au support primitif de l’écriture : la tablette d’argile. Cela voulait dire que ces textes dataient des derniers temps de la cité.

— Ces tablettes, vous les avez lues ?
— J’ai pratiqué un peu le grec à Oxford quand j’étais étudiant, mais je ne connais rien aux autres caractères. Je pense que c’est du phénicien mais je suis incapable de le déchiffrer.
— Vous en avez appris quelque chose ?
— J’ai surtout fini par comprendre le gros de l’histoire en écoutant leurs contes et légendes. Ma maîtrise du grec ancien est très scolaire ; à part quelques mots ici et là, je ne peux pas lire grand-chose de ces tablettes.
— Racontez-moi ce que vous avez découvert.
— Visiblement, en des temps très anciens, des hommes venus de la mer ont fondé sur la côte une grande cité. Elle a fait payer un tribut aux populations locales jusqu’à ce que ces dernières se révoltent et rasent la cité ...