Les Parques 1/8
Datte: 30/08/2019,
Catégories:
f,
fépilée,
policier,
Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe
... elle ne ferme qu’un seul bouton au niveau du nombril et quitte la salle d’eau.
— Allez, hop ! En cuisine maintenant ! Bouge de là ! Oh ! Oh ! Bouge de là ! Bouge ton cul, ma fille !
_________________
Ce n’est pas le froid qui le fait claquer des dents.
Bien sûr, il a froid ; comment pourrait-il en être autrement quand on est nu, dans un goulet que parcourt un courant d’air glacé ? Le froid n’est pas étranger à ces frissons qui le font trembler de la tête aux pieds. Le froid, bien sûr.
Mais aussi la peur.
Surtout la peur !
Et encore, cette peur n’est rien à côté de celle qu’il a connue, un peu plus tôt, en reprenant ses esprits. Avant même d’ouvrir les yeux, avant même de recouvrer toute sa conscience, il avait réalisé un certain nombre de choses : la douleur aux commissures des lèvres, sa bouche, grande ouverte mais entravée par une boule ; sa position aussi, à plat-ventre sur quelque chose de dur, les bras le long du corps, les épaules coincées.
Alors il avait ouvert les yeux pour voir, pour comprendre.
Et il n’avait rien vu !
Rien ! Le néant…
Absolument rien !
Il avait attendu, espérant que ses yeux s’habituent à l’obscurité. Mais l’acuité n’était pas revenue.
Le noir, absolu, impénétrable, charbonneux, oppressant…
Il avait tenté de se redresser, mais sa tête avait aussitôt et brutalement cogné un plafond. Incrédule, il avait retenté la manœuvre, plus doucement cette fois, mais avec le même résultat. Ses doigts, sa bouche, son ...
... visage avaient rapidement identifié le support sur lequel il reposait : du bois ! Une réelle panique s’était alors emparée de lui ; il s’était cru enfermé dans un cercueil ! Il aurait voulu crier, hurler, hurler de toutes ses forces, mais le bâillon l’en empêchait, ou en tout cas étouffait ses hurlements. Ahuri, totalement paniqué, il avait fallu un long moment avant que ses mains affolées ne ressentent la froideur de la pierre, la courbure du goulet sur les côtés. Il avait alors compris peu à peu qu’on l’avait glissé dans une sorte de tuyau, une canalisation peut-être, ou une niche dans un mur, en l’enfournant sur une planche comme le mitron enfourne ses pains.
Ne pouvant se relever pour se mettre à quatre pattes, il avait essayé de passer au moins ses bras sous son corps pour ramener ses mains au-dessus de sa tête, mais l’espace était si étroit que la manœuvre s’était révélée impossible. S’aidant de ses pieds, il avait essayé de ramper vers l’avant, mais son crâne avait aussitôt buté contre quelque chose de dur et froid, une surface inégale. Promenant son front dessus, il devina des vides, identifia des barreaux, sans les voir. Le nez dessus, il sentait ces barreaux mais ne pouvait les distinguer. Un noir si dense, si profond l’enveloppait qu’il en conçut une angoisse éperdue. Butant sur la grille avec son front sans pouvoir l’ébranler un tant soit peu, il ne réussit qu’à s’écorcher le cuir chevelu. Peine perdue…
Pendant un moment il faillit se résigner à attendre. ...