Femme d'un homme riche - Histoires de Sexe

Femme d'un homme riche

... de donner un coup de volant !

Par petits sauts, le médecin approche sa chaise de celle du commissaire :

— Je vois bien une solution…
— Ah bon ? Laquelle ?
— Le père a chloroformé ses gosses pour avoir la paix et les embarquer au loin. Chez lui, peut-être. Et là, manque de chance, la bouteille de chloroforme s’est ouverte ou bien elle s’est cassée, et lui aussi il est tombé dans les vapes.
— Oui… c’est une bonne hypothèse. J’y avais songé.
— Ça pourrait même expliquer pourquoi la voiture a pu flamber comme ça.
— Oui, en effet…

Hochant la tête, le médecin pose sa main sur le bras du commissaire :

— Vous n’y croyez pas ? Vous avez une autre hypothèse, Commissaire ?
— Ça me semble trop évident, trop simple… Vous connaissez bien Joseph Sade ?
— Bien, c’est vite dit. Oui, comme tout le monde. Vous savez, dans notre petite ville, tout le monde connaît plus ou moins tout le monde.

Le commissaire se lève :

— On sait maintenant qu’il est l’amant de la petite depuis quelques mois. D’ailleurs, il ne s’en cache plus du tout : cette épreuve les a singulièrement rapprochés.
— Vous n’êtes quand même pas en train de suggérer que c’est lui qui aurait manigancé tout ça ?
— Juste une hypothèse, Docteur… N’empêche que pour se débarrasser d’un ex encombrant et des enfants de cet ex, et faire en sorte que la mère se jette encore plus dans ses bras…

La bouche tordue, le docteur se lève à son tour et grogne :

— J’espère que vous ne croyez pas ce que vous dites…
— ...

... C’est juste une hypothèse, Docteur… juste une hypothèse. Mais avouez que ça fait bien ses affaires, à Joseph Sade. Avec tout ce foin, tout le monde a pris en pitié cette pauvre Sophie. Il est devenu son chevalier blanc, et bientôt, dans quelques mois, le mariage avec la bénédiction de toute la ville !

Le docteur se rapproche, l’air peu avenant :

— Pendant que vous y êtes, pourquoi pas Sophie ? Elle aussi, elle avait tout à y gagner de liquider son ex et ses gosses !
— J’y ai songé… Mais deux points : je ne vois pas comment elle aurait pu faire son coup, surtout qu’elle n’a pas de voiture, pas de permis. Et sa douleur sur la plage n’était pas feinte…
— Oui, je connais assez Sophie, et sa douleur n’était pas feinte, comme vous dites. Et c’est quoi, cette histoire de voiture ?
— Il y a quand même une belle petite trotte entre le lieu de l’accident et la ville… C’est vrai qu’elle a unSolex, mais c’est poussif comme moyen de transport. Mais bon, personne ne l’a croisée ce jour-là. De plus, elle aurait mis trop de temps pour faire l’aller et retour avec ce genre de moyen de locomotion. Et il faut s’y connaître un peu – et même beaucoup – pour diriger une voiture depuis la route vers la falaise et sauter au bon moment.
— Donc absoute ?
— Oui, absoute.

Le médecin récupère son chapeau et, avant de quitter le bureau, lance :

— Je sais bien que c’est votre métier d’évaluer toutes les hypothèses ; mais franchement, soupçonner Sophie, c’est un peu fort de café ! Quant à ...