La fuite - Histoires de Sexe

La fuite

La porte arrière de la maison vient donc de s’ouvrir. J’entends déjà les voix, les pas qui résonnent sur le carrelage de la cuisine attenante. Dans moins de deux secondes, ma voisine et sa copine seront à quelques mètres de moi, pouvant ainsi m’admirer dans le plus simple appareil, sans que je puisse ne fut-ce qu’une seconde, justifier ma tenue.

Mon ange gardien me souffle bien quelques répliques pour me tirer d’affaires. Je pourrais en effet la jouer à la Humphrey Bogart dans « Casablanca », accoudé sur le bord de la piscine, faisant semblant d’en fumer une, saluant les arrivantes par un« Play it again, ladies » de bon aloi. Pas sûr…

Je pourrais également faire semblant de réparer le drain, tout en sifflotant, mimant le gars surpris de voir arriver la propriétaire :« Salut ma p’tite dame, y’en a pas pour longtemps, c’était quelques feuilles qui vous colmataient la tuyauterie ! ». Disons que, dans ce cas de figure, les techniciens sont en théorie obèses, portent des pantalons taille basse et lorsqu’ils se penchent, ils ne montrent habituellement que le haut de la craque des fesses. Ils ne sont pas complètement à poil et je n’ai heureusement rien de l’obèse.

Dernière initiative de mon génie vespéral, en attente que je le vire, c’est de m’étendre sur le dos en sifflotant. Dans cette position, il se pourrait, moyennant quelques stimulations qui ne sont pas au programme immédiat, et l’ajout d’un petit drapeau, que les dames me confondent avec une planche à voile… bien ...

... que dans les faits ce serait plutôt une vlanche à poil !

Ne voulant pas continuer d’écouter ainsi les idées saugrenues de mon alter ego, j’adopte donc la seule attitude possible dans de telles circonstances : la fuite. En avant les braves, sauvons-nous, les voilà !

J’avais en effet remarqué, du coin de l’œil qui ne fixait pas la porte de la maison, qu’il y avait une petite remise à l’autre bout de la piscine, servant entre autre à abriter un peu de mécanique et qui devait servir d’entrepôt pour les serviettes, voire de cabine pour que les invités puissent se dévêtir. Un rapide calcul mental, effectué dans la partie de mon encéphale non reptilien, me fit estimer la distance à parcourir à une dizaine de mètres. Avantage : je m’éloignais ainsi du champ de vision des arrivantes, la remise étant du même côté que la maison, c’est-à-dire en face de moi. Merci monsieur Lescope de m’avoir fait travaillé la trigonométrie au lycée puisque je peux estimer ainsi que, selon une construction triangulaire, cela prendra plus de temps aux dames de me rejoindre que, pour moi, d’atteindre la remise.

La seule variable qui demeurait à régler, tout en bandant… mes muscles (hé, ho, non mais, vous ne pensiez tout de même pas qu’en plus de m’exhiber, j’allais me mettre au garde-à-vous ?) était que je devais accomplir mon déplacement en complet silence, pour ne pas attirer l’attention de la gent féminine dans les parages. Si je faisais sortir le Ian Thorpe qui sommeillait en moi, il est évident ...