1. Le Livre de la Génèse


    Datte: 24/08/2019, Catégories: nonéro, Humour policier, fantastiqu, Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... les foutre au feu également… Quand tu écris comme ça, on dirait Hugo en train de chanterJésus revient. C’est lamentable…
    — Mais Hank, pourquoi les décrire comme des déchets ? Moi, je veux que les lecteurs comprennent que ces mecs-là sont des hommes, comme eux !
    — Mais justement ! Le lecteur, bien au chaud dans son salon en train de lire ton bouquin en sirotant son sky est un misérable, comme les vrais clodos. La seule différence, c’est que la vie lui a filé un bon numéro à la naissance. Toi, tu voudrais élever les fils de putes à la hauteur des lecteurs, alors qu’il faut au contraire jeter tes lecteurs dans le caniveau. Leur rappeler que malgré leur bagnole, leur pétasse et leur assurance-vie, ils ne sont rien d’autre que des types incapables d’affronter ce que ton héros est en train de déguster.
    — Hé, Hank, ça fait un peu putassier quand même, ce genre de procédé.
    — Tu recherches la gloire ou le Nobel de littérature, petit ?
    — Ben, autant que faire se peut, les deux…
    — Bon. Alors laisse tomber les chroniques. Montre-moi ton roman d’amour…
    
    Il lut les deux premières pages…
    
    — Putain, mais tu nous emmerdes avec ton coucher de soleil à la mords-moi-le-nœud ! Et c’est quoi, cette plage ?
    — Ben, j’essaie de planter le décor…
    — C’est pas le décor qu’il faut planter, petit… C’est ton mandrin dans la petite chatte serrée de la pucelle, comme Armstrong a planté le drapeau américain sur la Lune. L’amour, c’est une conquête ; les gonzesses, ce sont des citadelles à ...
    ... prendre, par la force si nécessaire…
    — Ouais, mais je sais pas raconter ça, Hank…
    — Putain, Brodsky… On n’est pas rendu… Montre voir ton histoire de pirate… Non mais, j’hallucine… Comment tu les fais causer, tes bandits ? Ton capitaine Clyde s’adressant à sa prisonnière, attention, je cite : « Nos camps sont opposés, mais l’amour peut nous réunir… » Non, mais tu y crois vraiment ?
    — Ben, il essaie de la séduire… Faut bien qu’il trouve quelque chose à lui dire…
    — Tu parles à ton sandwich avant de le mâcher ?
    — Mais il est amoureux, là…
    — Alors c’est encore pire… Comment veux-tu qu’un type qui tue n’importe qui, hommes, femmes, enfants, diables et dieux tombe dans un panneau pareil ? Pis je te parle pas du cliché…
    
    Et ça a duré comme ça pendant des heures, des jours, des semaines entières, moi bossant comme un fou, et lui picolant mon whisky. Jusqu’à ce petit matin où, alors qu’il était en train de pisser consciencieusement sur un de mes nouveaux textes, il tomba sur un truc qui le fit sursauter.
    
    — Hé… c’est pas mal du tout, ça… Je dirais même que c’est bon.
    — Quoi donc ? Mon dernier texte ?
    — Non, l’histoire est à chier, comme d’habitude, mais ça :Souris blanches pour série noire… Bien vu. On peut développer à partir de là. Un bon titre de polar…
    — Tu parles… Je connais rien au polar.
    — Tu connais rien non plus aux clodos, ni aux gonzesses, ni aux pirates, petit…
    — Ben alors… Laisse tomber. Je suis incapable d’écrire une histoire policière.
    — Tu en seras capable dès ...