Le Livre de la Génèse
Datte: 24/08/2019,
Catégories:
nonéro,
Humour
policier,
fantastiqu,
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
... ne croient qu’en la science, les aigris qui ne croient plus aux miracles, les adultes responsables qui n’ont pas lu Saint-Ex et ont oublié leur âme d’enfant, les raisonnables qui continuent d’aller voter aux élections, les libres-penseurs dont la liberté exige qu’ils ne croient en rien tout en pensant à tout, et qu’en même temps, elle (cette histoire de naissance, tu suis toujours, ô lecteur adoré ?) offusque les religieux qui verront là une imposture et s’exclameront en chœur (de grenouilles de bénitier) :« Crôa, crôa, quelle honte ! Comment crôare à cette histoire à dormir debout ? Prétendre qu’un enfant puisse naître sans père, et que sa mère soit vierge de surcrôa, c’est vraiment nous prendre pour des cons ! Brodsky, ta mère est une salope, et tu n’es qu’un fils de pute. Amen. »
Et ce fut bien là, chers lecteurs, le drame de toute ma vie… Vilipendé par les athées à cause de ma naissance divine, et insulté par les croyants qui jalousent mon ascendance, détesté par la gauche, lapidé par la droite, il a bien fallu que je prenne les choses en main…
J’approchais de ma quarantième année, et je me suis retiré dans le désert (enfin, ce qui s’en approchait le plus, c’est à dire les montagnes d’Auvergne) avec une pile de bouquins, des ramettes de papier et une vieille machine à écrire de marqueRemington, et loin du monde et de ses turpitudes, j’ai commencé à cultiver ma propre folie.
Et c’est ainsi qu’un soir, alors qu’en panne d’inspiration je contemplais une pile de ...
... superbes poésies dont aucun éditeur ne voulait et le vieux pistolet automatique de mon grand-père qui me faisait de l’œil, je décidai que, vraiment, ce monde était trop laid et qu’il était temps que je me résolve à aller demander des comptes à l’enfoiré qui m’avait balancé sur Terre.
Après une dernière clope et une bonne rasade de whisky, je pris le flingue et le posai sur ma tempe. Au moment où j’allais appuyer sur la détente, on frappa à la porte. Dieu (ou quel que soit son nom) m’envoyait son ange gardien.
J’ouvris la porte, et je tombai sur une vision pour le coup totalement inattendue. Un beau et grand vieillard aux cheveux blancs, baraqué comme un boxeur, une tronche d’ivrogne et un regard pétillant d’intelligence. On s’était déjà rencontré lui et moi vingt ans auparavant, et il m’avait inspiré pas mal de nouvelles et de poésies. Je lui avais même écrit une prière quelques jours après sa mort… Et c’est justement là que je commençai à cogiter furieusement. S’il était mort, il ne pouvait pas être là, devant moi. Ou alors, j’étais réellement fou… Ou bien réellement mort à mon tour… Ou bien…
— Cherche pas, Brodsky, y a rien à comprendre. Le mec qui écrit cette histoire sur son clavier est complètement barré.
— Hein ?
— Je répondais à ta question.
— Ah, parce que tu lis dans mes pensées ?
— Ben ouais… Tu parles, j’y habite depuis tellement longtemps que, forcément, je commence à te connaître un peu par cœur.
— Bon, okay Hank. À supposer que je ne délire pas, ...