On ira tous au paradis mêm' moi
Datte: 22/08/2019,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Auteur: Patrick R. D., Source: Revebebe
On ira tous au paradis mêm’ moi
On ira tous au paradis mêm’ moi
Qu’on soit béni ou qu’on soit maudit, on ira
Tout’ les bonn’ sœurs et tous les voleurs
Tout’ les brebis et tous les bandits
On ira tous au paradis
On ira tous au paradis, mêm’ moi
Qu’on soit béni ou qu’on soit maudit, on ira
Avec les saints et les assassins
Les femmes du monde et puis les putains
On ira tous au paradis
C’est en écoutant la radio et en chantonnant cette chanson, il y a déjà quelques années, qu’un jour j’ai compris. La révélation ne me venait pas du ciel, mais de Polnareff. Après coup, en y repensant, j’ai trouvé ça drôle.
Ce jour-là, je venais tout juste de fêter mes vingt-cinq ans. Fêter. Non, disons plutôt que j’avais passé ce cap. Comme depuis mes dix-huit ans, ma mère ne m’a pas appelé ni écrit le moindre mot. Elle n’avait sûrement pas fait attention à la date. Et si oui, c’était à nouveau sa façon de me montrer ce qu’elle pensait de moi.
Cette soirée, je l’avais passée avec quelques amies. Les rares que j’avais à cette période de ma vie. Émilie, Vanessa et Marion. Mes seules amies, ma seule famille. Elles savaient qu’une fête ne me ferait pas plaisir, alors on avait passé une simple soirée ensemble, entre copines. Les choses changent vite parfois, je n’ai plus revu Marion depuis trois ans. Mais, à l’époque, nous étions toutes les quatre inséparables.
Je ne suis pas orpheline, mais depuis ce jour où j’ai osé partir de chez mes parents, je considère que ...
... je n’ai pas de famille. En plus de dix ans, jamais ni mon père ni bien sûr ma mère n’ont essayé de me contacter. Et personne d’autre dans ma famille n’a essayé de me retrouver. Je n’existais plus pour eux. Ils n’existaient plus pour moi.
Enfin, c’est ce que j’essayais de me dire. Mais, en réalité, je pensais souvent à eux. Pourquoi, ça je ne le savais pas.
Mais aujourd’hui, j’ai compris. Ce n’est pas ma faute. Rien n’est de ma faute.
J’ai assez payé.
Et moi aussi, j’ai ma place au paradis.
Le plus loin que je me souvienne, ou, selon mon psy, que je veuille bien me souvenir, remonte à un Noël. J’avais huit ans à l’époque, ou peut-être sept, j’ai du mal à y associer une date avec précision. Nous étions seuls pour ce Noël, mes parents et moi. Le reste de notre famille était trop loin, à l’autre bout de la France, et nous étions souvent seuls pour les fêtes. Jamais nous ne partions. Ce n’était pas un problème de manque d’argent, mais un problème de radinerie maladive. Une règle tacite semblait interdire à la famille de dépenser de l’argent juste pour le plaisir.
Ce matin de Noël, je m’en souviendrai toute ma vie, même si aujourd’hui ce souvenir est devenu moins douloureux. Je n’étais pas habituée aux cadeaux grandioses, surtout de la part de mes parents, mais, généralement, entre ceux envoyés par les grands-parents et quelques oncles et tantes, j’avais de quoi m’amuser. Ce matin-là par contre, il n’y avait rien. Pas le moindre paquet sous le sapin. Jamais je ne ...