Le long baiser de Brigitte
Datte: 19/08/2019,
Catégories:
tendresse,
jeunes,
jardin,
amiamour,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
... concepts et les valeurs, que son psychisme évolue et qu’il devient adulte. La fonction symbolique, celle qui nous permet en gros de signifier quelque chose par une autre, et qui se base énormément sur le langage, s’est arrêtée aussi de se développer chez lui, du coup il n’arrive pas à se détacher de l’immédiat réel qui l’entoure, et ceci ne lui permet pas d’avoir une vie mentale autonome ».
Pensant au langage, il lui revient en mémoire l’une de ces situations étonnantes. Cela s’est passé il y a quelques jours, juste devant elle. En voyant entrer la femme de ménage à la maison, Zozou a bien articulé une phrase, il a dit « Zozou aime Charlotte ». La pauvre Charlotte, qui ne s’attendait certainement pas à un tel compliment, s’en était trouvée toute rouge. Zozou n’a jamais dit ceci à sa maman ni à son papa, elle en était presque jalouse. C’est certainement dû à l’attention particulière que lui donne Charlotte qui, in fine, passe beaucoup plus de temps avec lui que ses propres parents. Cette réflexion l’emplit d’un petit remord et lui donne un goût d’amertume. Elle se dit qu’elle aurait dû passer beaucoup plus de temps avec Zozou, et qu’elle l’a certainement négligé et abandonné, prise comme elle est dans la tourmente de la vie et de ses préoccupations professionnelles. Elle fonde un grand espoir sur Charlotte : elle voudrait qu’elle s’occupe de Zozou comme s’il s’agissait de son propres fils, et lui donne cette chaleur maternelle qu’elle pense ne pas pouvoir lui offrir. ...
... Cette scène inattendue l’avait réconfortée, elle pensait même récompenser Charlotte par des petits cadeaux. Bien évidemment, elle ne savait pas encore ce qui s’était passé entre Zozou et Charlotte. D’ailleurs, elle ne le sait toujours pas.
Défilent encore les paroles de la psy sur le complexe d’Œdipe, et ce qu’elle a pu lire de Freud, de Lacan et des autres. Elle a passé des nuits entières au chevet de Zozou à lire et à lire, espérant mieux comprendre ce qui allait arriver à son petit fils chéri, comment il allait vivre et comment elle devait se comporter avec lui. Elle en a tellement lu qu’elle a pensé une fois changer de métier, et devenir psychothérapeute. Avec l’intérêt croissant des gens pour la psycho à deux sous, elle aurait certainement gagné beaucoup plus d’argent qu’avec son adorable métier d’institutrice dans une école publique. Mais cette pensée l’avait plongée aussi dans l’embarras de l’âme, car elle avait fait tous ces efforts pour Zozou, et pas pour gagner du fric. Si au moins cet argent, sale ou amer comme il se doit d’être, lui permettait de retrouver un Zozou normal ! Mais elle savait que c’était impossible. Et puis le fric, avec ce que ramène aussi son mari Karim, entrepreneur en construction et en peinture, elle n’en manque pas non plus.
Bref, se dit-elle accoudée à sa fenêtre, à en croire Freud, Zozou est un enfant de trois ans et demi, il n’a encore intégré aucun interdit moral ou social, il est envahi par un sentiment de surpuissance, il se croit le ...