1. Le long baiser de Brigitte


    Datte: 19/08/2019, Catégories: tendresse, jeunes, jardin, amiamour, Auteur: Zahi, Source: Revebebe

    ... part dans la tête et dans tout le corps, je commence à frémir.
    
    Nous arrivons à la cabane du fond du jardin, elle entre dedans et me pousse avec elle. J’ai peur, cette cabane ne me rassure pas. À la porte, je jette un coup d’œil à la maison, maman est à sa fenêtre, elle me voit, le visage assombri, sans aucun sourire. Brigitte ferme la porte. Il n’y a aucune lumière, aucun son, j’ai peur. J’écarquille les yeux, la lumière me revient, des rayons filtrent entre les lamelles de bois, puis je vois le jour et à nouveau Brigitte. J’ai peur, je tremble. Elle me chuchote d’une douce voix rassurante :
    
    — Zozou, je suis enfin contente de te retrouver seul, Zozou, très contente.
    
    Elle tire une chaise blanche en plastique empilée dans un coin, me fait asseoir dessus, puis elle se pose sur mes genoux, me serre entre ses cuisses effilées et croise ses mains derrière mon cou. À quelques centimètres de mes yeux, dans la faible luminosité du lieu, je vois ses cheveux noirs coupés très courts, ses grands yeux, sa petite bouche, son cou et ses clavicules dénudés, et la large encolure de son débardeur. Elle me parle toujours de la même voix :
    
    — Ils disent de toi que tu es idiot, Zozou, mais je ne les crois pas du tout, moi ; tu es différent, c’est tout.
    
    Elle ramène ses deux mains sur mes joues et les caresse légèrement, juste en les effleurant. Je sens une agréable fraîcheur, un joyeux bonheur m’envahit. Je veux qu’elle continue.
    
    — Tu sais que nous étions destinés l’un à l’autre, ...
    ... c’était le vœu de nos parents à ma naissance lorsque tu n’avais qu’un an, mais voilà, tu as eu un malheureux accident et aujourd’hui tu n’es encore qu’un enfant de quatre ans. Ils disent que ta tête a arrêté de fonctionner depuis, mais ton corps, ton admirable corps a bien grandi, il est devenu le corps d’un vrai homme, grand et formidable, blond, lourd, succulent.
    
    Elle me palpe le front, parcourt avec la pointe de ses ongles vernis en noir le contour de mes yeux, me peignant au passage les sourcils. Je me laisse aller, je m’abandonne à ses gestes délicieux, c’est merveilleux. Elle continue pour un bon moment, je me sens apaisé.
    
    — Alors Zozou, écoute-moi bien, nous allons faire comme s’il n’y avait pas eu d’accident. On va imaginer que ce jour-là, ta mère ne t’avait pas pris dans sa voiture, tu étais malade par exemple, ou qu’elle t’a gardé près d’elle ce jour-là, et on va imaginer que tu es aujourd’hui en pleine forme, plein de vie et de santé, plein de charme et d’humour.
    
    Elle rapproche de moi sa petite figure, doucement, jusqu’à ce que les pointes de nos nez se touchent.
    
    — On va faire notre premier baiser, Zozou. Nous venons de sortir du collège et nous marchons ensemble jusqu’à la maison. Tu es plus âgé d’une année et tu te prends au sérieux, Zozou. Tu me racontes des histoires de ta classe, c’est des histoires de grands, me dis-tu, et des filles de ta classe. Une en particulier, qui est belle et coquine, toujours bien maquillée et qui te suit partout, elle te ...
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