Le long baiser de Brigitte
Datte: 19/08/2019,
Catégories:
tendresse,
jeunes,
jardin,
amiamour,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
Les fureurs de Zozou l’idiot
3 – Le long baiser de Brigitte
Maman est rentrée, papa est sorti. Il fait beau dans le jardin. L’air chaud et pur, nourri par les gazouillis des petits oiseaux, m’enveloppe sous un soleil radieux. Le sol craquelé, légèrement durci, tracé de longues files de fourmis, défile prestement sous mes pieds. Je poursuis une petite bête de la taille d’une abeille qui n’arrête pas de voleter entre les rosiers, émettant de façon discontinue un bourdonnement qui m’excite et m’énerve à la fois. Attiré par l’éclat des bandes jaunes et grises de son corset, les battements fous de ses ailes en fine mousseline noire transparente, sa petite tête aux yeux velus, je veux l’attraper, l’écraser entre mes mains. Elle disparaît dans les feuillages. Je repère une branche sur laquelle elle s’est cachée derrière les feuilles vertes aux bords dentelés. Entre tenter d’écarter les feuilles et attendre gentiment qu’elle ressorte, je n’arrive pas à me décider. J’ai peur des redoutables épines qui infestent les branchages. J’attends encore, avec la même hésitation, en extrême tension. Voilà qu’elle pique vers le haut. Elle se stabilise un instant en l’air, battant des ailes et bourdonnant. À hauteur de mes yeux, elle me pointe les deux antennes qui débordent de son nez, elle me défie. Puis elle pique à nouveau, effectue un départ de pétard, en spirale, toujours en bourdonnant. J’avance les bras en claquant les mains trois fois de suite, mais elle réussit à s’échapper, de ...
... justesse à chaque fois. Elle s’éloigne, je la poursuis. Je cours derrière elle, je tends les bras et ferme les mains sur elle, tout en courant, mais elle me file toujours entre les doigts. Cette bête m’énerve. Je m’entête, je veux sa peau. Tout le reste n’a plus aucune existence, je n’ai plus qu’elle en champ de vision, toute mon attention est suspendue en sa petite carapace velue, je commence à suer. Elle accélère. Je file derrière elle entre les ajoncs et les feuillages, je veux courir encore plus loin, aller la chercher dans le grand et tentaculeux bougainvillier à fleurettes rouges qui recouvre une large partie du mur du fond, figé en l’air comme sculpté de bois coloré.
Mais je suis freiné par une main qui me retient par le T-shirt. Je m’arrête excité et désarçonné par cette inopportune intervention. C’est Brigitte, la fille des voisins, en léger débardeur jaune et petite jupe noire, inondée de lumière, le contour inscrit en parfait contraste sur le fond du jardin. Un doigt verticalement posé sur ses petites lèvres écarlates, je ne dois pas faire de bruit.
Elle me prend la main et nous marchons ensemble, côte à côte. Je suis ses pas, nous nous faufilons entre les arbustes. Je sens les minuscules et délicieux glissements de sa main humide sur ma peau. Je la vois de profil, un petit sein esquissé, un grain de beauté sur la pommette, juste en dessous de l’angle extérieur de l’œil, agrandi par son ombre projetée par le soleil presque à la verticale. Cela me tape quelque ...