1. Le long baiser de Brigitte


    Datte: 19/08/2019, Catégories: tendresse, jeunes, jardin, amiamour, Auteur: Zahi, Source: Revebebe

    ... demande ton avis sur ses petits habits ou sur la couleur de ses ongles, elle te serre dans les rangs et te colle à la cantine, alors que tu cherches toujours à l’esquiver, mais tu ne sais pas jusqu’à quand tu vas pouvoir le faire, car elle finira certainement par te charmer ; elle y met tellement du sien que tu ne peux pas rester éternellement indifférent. Tu es malin Zozou, tu veux me rendre jalouse, et tu réussis. Je n’en peux plus de tes histoires, je donne l’air d’être imperturbable mais je bous à l’intérieur, je suis vraiment jalouse. Tant de fois j’ai voulu t’en parler, te dire l’effet que tu me fais, t’avouer que chaque fois que je te vois, je tremble en entier, je me sens chavirer et une chaleur intérieure m’inonde et me fais suer de partout. Mais voilà, au lieu de t’en parler, j’ai cherché à cacher mon embarras, à ne pas te montrer ma faiblesse, en te disant n’importe quoi, en parlant de n’importe quel sujet. Je suis têtue, Zozou, je veux me convaincre que je suis forte, je ne connais pas encore mes limites.
    
    Elle me fixe d’un regard perçant. Je vois des lueurs fébriles dans ses grands yeux gris bleuté. Ils sont comme mouillés, brumeux, recouverts d’une membrane diaphane. Sur ses iris, je vois le reflet de mes propres yeux. Son haleine me parvient légèrement parfumée, le rythme de sa respiration s’accélère, sa voix se fait légèrement tremblante.
    
    — Et puis Zozou, je n’en peux plus, les forces qui me déchirent de l’intérieur depuis longtemps devaient un jour ...
    ... jaillir dehors ; et ce jour, c’est aujourd’hui. Je m’arrête net, en plein chemin, je m’abrite derrière un chêne centenaire. Tu continues ton chemin, Zozou, tu ne t’en aperçois pas, tu continues à parler. Et puis tu te rends compte que tu parlais au vide depuis un certain temps déjà, alors tu t’arrêtes, tu rebrousses chemin, tu reviens sur tes pas en criant « Brigitte, Brigitte ». En t’entendant te rapprocher, je ne sens plus mon propre corps, mon cœur bat comme un tambour, mes veines pulsent à mille à l’heure. Te voilà de l’autre côté de l’arbre, tu m’appelles toujours, et je suis incapable de bouger, de souffler un mot, je ne suis plus qu’une machine qui pompe du sang bouillant. J’épie tes pas, et à chacun de tes mouvements, chaque fois que je te sens un peu plus proche de moi, je tremble encore plus et mes mains se crispent plus fortement, mes ongles s’enfoncent un peu plus dans ma peau, de peur que tu me retrouves, que tu me découvres dans toute ma faiblesse. Mais te voilà devant moi, Zozou, en chair et en os, mon cher Zozou, mon amour, je fonds en pleur.
    
    Le temps passe doucettement alors qu’elle parle. Je la sens trembler. Les vibrations de son corps me sont directement transmises et me font un effet bizarre, m’inspirant à la fois méfiance et douceur. Je ne comprends rien de ce qu’elle dit, je ne vois pas pourquoi elle se met dans un tel état. Elle prend un grand souffle et rapproche ses lèvres de ma bouche, elle chuchote à peine :
    
    — Tu me dis : « Brigitte, que se ...
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