1. 55.2 Des grains de sable et des pas de crabe (version HDS).


    Datte: 15/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... quand et comment ? Pour lui dire quoi ?
    
    Entre le petit « accident » de la pipe raté, mes mots et mon attitude trop étouffantes, la nouvelle de son départ imminent pour Paris, la discussion avec Thibault, tout ça en un laps de temps très réduit : voilà qui a dû remuer pas mal de choses dans sa petite tête de nœuds.
    
    Alors, s’il n’a pas envie de me voir, qu’est-ce que je peux bien faire pour changer cela ?
    
    Pourtant, le temps presse : son départ est imminent : si je le laisse s’éloigner maintenant, je ne vais pas avoir le temps de le rattraper.
    
    S’il le faut, dans sa tête, Jérém est déjà à Paris, dans sa nouvelle vie ; une nouvelle vie où il n’y a aucune place pour moi.
    
    S’il ne veut plus me voir, c’est peut-être qu’il essaie de m’oublier… peut-être qu’il veut que je l’oublie aussi…
    
    Mais il ne peut pas me demander ça, et surtout pas me l’imposer de cette façon ! J’ai droit à qu’il vienne m’annoncer son départ pour Paris ! Et puis, il reste la question de la chaînette ; et aussi, celle du maillot que j’ai ramené de Londres et que je ne lui ai toujours pas donné.
    
    Il faut qu’il revienne à tout prix à la maison, il faut que je puisse lui parler tranquillement, il faut que je lui dise que j’ai besoin de lui, que je ne veux pas le perdre.
    
    Me voilà face à un double challenge. Le premier, c’est de le faire revenir chez moi ; le deuxième, c’est d’arriver à lui parler avec mon cœur sans le faire fuir encore plus loin.
    
    C’est dur d’aimer quelqu’un qui a peur ...
    ... d’aimer et de se laisser aimer.
    
    C’est dur, les histoires entre garçons. Pourtant, c’est bien leur complexité, leur fragilité, ainsi que les difficultés qui se dressent sur leur chemin, notamment lorsqu’elles ne sont pas assumées au grand jour par l’un des protagonistes, qui en font justement leur beauté particulière.
    
    Ce mercredi soir, je me sens très triste. Jérém ne veut plus me voir et je me sens impuissant à inverser le cours des choses. Je me plonge dans les souvenirs, comme s’ils pouvaient m’aider à le faire revenir.
    
    Je plonge mon nez dans ce t-shirt dérobé un matin, au petit matin, dans sa salle bain ; je plonge mon nez dans ce tissu doux comme sa peau et qui sent toujours l’odeur de sa peau ; je me glisse sous les draps en amenant avec moi ce trésor inestimable, les trois photos dont l’adorable Thibault m’a fait cadeau il y a quelques temps.
    
    Je pose les trois images sur le drap, devant moi, et je me sens comme happé par les histoires qu’elles racontent : Jérém assis sur la pelouse de la prairie des Filtres, en position demi allongée, les bras tendus vers l’arrière et les mains posés à plat sur le sol ; habillé d’un simple jeans et d’une chemise à carreaux noirs et blancs, les manches retroussées, ouverte sur un t-shirt blanc sur lequel sa chaînette de mec est négligemment abandonnée ; le bogoss regarde l’objectif avec son plus beau regard ténébreux : voilà une tenue et une attitude très, très, trèèèèèèèèèèèès mec…
    
    Une autre photo, mon Jérém en maillot de ...
«12...8910...16»