55.2 Des grains de sable et des pas de crabe (version HDS).
Datte: 15/08/2019,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... fait que j’étais en train d’aller trop loin.
Je réalise que ma plus grande erreur a été l’impatience de vouloir aller trop vite, l’entêtement à exiger de Jérém plus que ce qu’il est prêt à donner.
J’aurais dû attendre que notre complicité grandisse en silence, apprécier les doux moments de complicité : comme après la première pipe, pendant l’échange de tarpé ; quand, l’air de rien, ses doigts se sont posés sur mes cheveux, pour les caresser doucement. A cet instant précis, tout se passait en silence, mais tout semblait si limpide entre nous.
Est-ce que cette pipe qu’il a voulu essayer, c’était aussi une façon de me « dire » que les choses pouvaient avancer entre nous, mais à la seule condition de ne pas les nommer pour l’instant ?
Peut-être que si j’avais été plus discret, avant et pendant cette pipe, les choses se seraient passés autrement entre nous… est-ce que c’est moi qui a tout gâché ?
Face à son malaise d’être surpris en flagrant « délit » de fellation, j’ai paniqué et j’ai voulu essayer de rattraper le coup : c’est là, en cherchant à le mettre en confiance, mais avant tout à me rassurer, que j’ai fini par trop en dire, par trop en faire.
« C’est trop bon ce qu’on vit depuis une semaine… tu es tellement différent, tellement adorable… ».
En mettant Jérém face à ses changements de manière beaucoup trop frontale pour qu’il accepte de les reconnaître, je n’ai eu d’autre résultat que d’empirer les choses.
Et même si je me suis retenu de prononcer ces ...
... trois mots magiques qui riment si bien avec Jérém, mon bobrun a quand-même dû les percevoir dans mon élan, dans mon émotion, mon regard, comme dans un livre ouvert. D’où, sa marche arrière à toute vitesse, le déploiement de la technique « Hérisson », matérialisés dans ses mots froids et laconiques :
« Ne te monte pas la tête, Nico… ».
Eclairé par le récit de Thibault, me parlant d’un Jérém perturbé à l’idée de partir loin de moi, je me dis que, bien sûr mon bobrun a lui aussi doit se poser la question de « où l’on va tous les deux », même avant ce fameux coup de fil : et je réalise que, ce qui le fait fuir, c’est justement sa peur de mettre ça sur le tapis, de se dévoiler.
J’aurais dû me rendre compte qu’à ce stade, mon Jérém était bien davantage un p’tit mec qui a peur de ses sentiments qui le brûlent, des sentiments qui sont à ses yeux, un peu sa faiblesse, plutôt qu’un p’tit macho qui a peur d’une pipe. Ce qui le rend profondément attachant.
« Tu dois avoir raison… » je finis par admettre.
Oui, Thibault a raison. On dit que le plus grand défi de l’amitié, c’est de nous faire grandir. Thibault, c’est un vrai pote.
Soudainement, je me sens très con.
« Ne te laisse pas décourager, Nico… » fait le charmant Thibault en me caressant l’épaule avec sa main à la fois douce et rassurante « s’il ne vient pas te voir, vas lui parler… vas-y doucement, mais dis-lui ce que tu ressens, n’aie pas peur… ».
Si seulement c’était facile, mon Thibault. Aller lui parler, ...