1. 55.2 Des grains de sable et des pas de crabe (version HDS).


    Datte: 15/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    Puis, à un moment, Jérém relevé la tête ; les regards se croisent, se figent d’un dans l’autre ; les déglutitions se font nerveuses, les respirations de plus en plus profondes. A nouveau, les fronts humides de transpiration se rencontrent, les souffles se mélangent, les nez se collent, s’écrasent l’un contre l’autre.
    
    Puis, à un moment, tout doucement, les deux saillies commencent à glisser l’une sur le côté de l’autre.
    
    Soudainement, Jérém a un mouvement brusque de recul.
    
    « Je vais faire un tour… » il annonce, la voix basse, le regard fuyant, avec un ton qui est sans appel.
    
    Contrairement à ce que j’avais espéré, le mardi s’écoule sans que mon Jérém ne se manifeste.
    
    Cette pipe ratée de lundi après-midi a vraiment crée un gros malaise dans sa tête. Mais quoi faire pour rattraper le coup ?
    
    De toute façon, il sait que ma porte est ouverte ; il sait que j’ai retrouvé sa chaînette, je lui ai envoyé un sms dès lundi soir ; et moi je sais que s’il a décidé de ne pas venir, je ne peux rien pour le faire changer d’avis.
    
    Mercredi après-midi non plus, pas de nouvelles de mon Jérém. Chaque minute qui passe, l’angoisse enserre un peu plus mon cœur, la souffrance envahit un peu plus mon cerveau.
    
    J’attends. Je tente de lire, je n’y arrive plus. Je suis trop inquiet. Je tourne en rond dans la maison comme un animal en cage. C’est fou de se mettre dans un tel état pour un mec. C’est fou de lui laisser à ce point voler les clefs de son cœur, de son bonheur. Quel ...
    ... drôle de machinerie, que la mécanique du cœur.
    
    J’étouffe dans la maison vide. J’ai envie de sortir, de courir, de crier. Je ne peux pas, pas avant l’heure où je me dirai, dépité, qu’il ne viendra plus.
    
    J’attends. Deux heures, l’espoir est permis ; trois heures, l’espoir est en souffrance ; quatre heures, je commence à flipper ; cinq heures, il ne viendra pas.
    
    J’ai envie d’aller le voir à la brasserie, de lui demander pourquoi il ne vient plus me voir, pourquoi il me fait la tête. Je n’ose pas.
    
    Cinq heures 10, j’ai une meilleure idée : je vais aller voir Thibault à la sortie de son taf. Ça fait longtemps que j’ai envie de savoir comment se passe la coloc avec son pote ; et aujourd’hui, j’ai en plus envie de ressentir sa bienveillance, et d’avoir son conseil avisé.
    
    Lorsque j’arrive devant le garage, dans le quartier de la gare Matabiau, je me trouve immédiatement confronté à l’un des plus grands mystères de l’Univers. A savoir, comment un bogoss peut parvenir à être encore plus bogoss à chaque fois qu’on le voit ; comment c’est possible que sa simple présence soit toujours la même claque, le même coup de poing dans le ventre, comme si à chaque fois c’était la première fois qu’on la découvre. C’est le même mystère auquel je me trouve confronté chaque fois que je retrouve mon Jérém.
    
    Un mystère qui va de pair avec une autre énigme insoluble, celui de savoir comment un bogoss peut s’habiller dans n’importe quelle tenue sans que sa sexytude en soit un tant soit peu ...
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