La lutte des classes (1)
Datte: 02/08/2019,
Catégories:
Trash,
Auteur: Yojik, Source: Xstory
... bruit, on dirait vraiment des rires. J’ouvre un œil, je vois R aux aguets. B, M, et Chef se rendent compte que nous sommes sur nos gardes. Chef scrute les alentours puis se fixe. On regarde tous dans la même direction. De l’autre côté du torrent, la pente est plus raide, et les buissons plus épais. Malgré tout, je finis par distinguer des ombres.
Celles-ci doivent être là depuis un moment si je n’ai pas rêvé ces rires. Chef se tend comme un arc. Je vois de la colère poindre dans ses yeux :
— C’est les bourges de tout à l’heure. Elles nous espionnent depuis quand ? chuchote-t-il.
— Un moment, je pense, répond R.
— On va leur apprendre. Attrapons-les. 1, 2, 3.
Au signal, nous bondissons comme des bêtes sauvages. Les filles hurlent de peur en nous voyant débouler. J’ai à moitié envie de leur faire la peau à ces putains de capitalistes. On est partis de loin et nus, mais elles ont la pente qui les ralentit. Et puis, elles ne sont pas du tout entraînées comme nous. Elles essayent de se disperser pour nous semer. Celle que j’ai prise en chasse réussit à atteindre la prairie, elle est plus rapide là. J’ai du mal à la rattraper. Elle tente de m’échapper en zigzaguant, mais je la chope au vol. Elle s’écroule à terre et je la bloque sous moi. Elle pleure, elle est terrifiée, cela satisfait mon instinct de chasseur. Je lui tiens les poignets et la ramène vers le torrent. Chef et B sont déjà là. Leurs captives sont assises au pied d’un arbre. Je jette à terre la mienne. ...
... Elle essaye de s’enfuir, mais Chef la repousse violemment. M et R arrivent bientôt avec leurs proies.
Une fois qu’elles sont réunies, nous nous rhabillons à tour de rôle de sorte que nous soyons toujours quatre à les garder. Elles n’osent ni bouger ni parler. Elles pleurent et se serrent les unes contre les autres.
— On fait quoi d’elles ? demande R.
— On les emmène au camp. On va voir là-bas. Mais faut les attacher.
Les bandoulières de leurs petits sacs sont converties en liens autour de leurs poignets. Le bout qui pend nous permet de les tirer derrière nous. On arrive au camp, Chef les fait mettre à genoux près du feu qu’il nous demande d’allumer. La cheftaine reprend un peu de contenance et parle à Chef :
— Je, je suis désolée. Nous n’aurions pas dû vous regarder.
— On a pas fait exprès de vous voir, pleurniche une fille.
— La ferme !
Et Chef balance une claque énorme sur la cheftaine. D’un regard, il demande à B d’en faire autant sur celle qui a parlé. Il la frappe violemment. Les autres se ratatinent dans leur coin.
— On va vous apprendre la solidarité.
Je comprends ce qu’il veut. Avec M et R, on gifle les filles restantes. Elles se remettent à pleurer.
— Vous êtes peut-être tombées sur nous par hasard, mais vous êtes restées longtemps à nous épier.
Je vois M qui semble se concentrer sur une fille. Il la détaille longuement.
— Tu la connais ? demandé-je.
— Ouais. Ton père, il a une usine de conserve, non ?
— Oui, oui.
— Ah ! ...