La révolte des démunis
Datte: 05/08/2025,
Catégories:
sales,
nonéro,
mélo,
portrait,
Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe
... par ces mendiants.
Aux abords de la ville, les prostitués, les clochards, les junkies et les clients et tout ce que la bassesse compte dans ce monde, se partageaient les ponts, se partageaient les galères et leur désespoir.
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Dans le wagon de tête, les gens étaient agglutinés, se marchaient dessus, étouffaient ensemble et suaient de concert, tandis que dans le second il y avait un large espace pour respirer, mais les voyageurs préféraient la promiscuité les uns les autres à celle de la Clodo qui dormait sur un des sièges de l’autre wagon. Agglutinés, ils sentaient la sueur des autres, une odeur incommode certes, mais supportable comparée à celle, infecte, de cette fille et de ses trois cabas qu’elle traînait partout avec elle.
Elle se réveilla brusquement au terminus quand le chauffeur lui demanda de partir.
— Eh, tu pourrais êt’ gentil, non ?
Il maugréa que maintenant il devait laver le siège ; dans son sommeil, elle avait renversé sa bouteille de gros rouge.
— Oh merde, c’était un grand cru ! s’amusa-t-elle. Bon, j’suis où, là ?
oooo0000oooo
Une année était déjà passée lorsque la sœur la revit, elle était en grande discussion virulente avec un homme de la sécurité de la banque juxtaposée. On lui intimait l’ordre de faire la manche ailleurs, pour toute réponse, la Clodo l’insultait ; elle n’avait rien à envier au capitaine Haddock, sinon qu’elle était bien plus vulgaire et les mots étaient bien plus grossiers que « Bachibouzouk, ...
... olibrius, cyclotron… ».
— Espèce de boule de pus ! Bouzier !
Elle semblait fatiguée ; le temps avait fait son œuvre, elle avait des croûtes sur les paupières et les cils, ses cheveux en bataille étaient visiblement le logis préféré des insectes, son odeur était épouvantable, elle avait perdu deux dents et une troisième menaçait de tomber. À ses côtés se trouvait un berger allemand, une magnifique bête un peu rachitique qui montrait les crocs. Attention, on ne touche pas à sa maîtresse ! Sans la présence du molosse, le sécuriman l’aurait probablement bousculée.
La religieuse intervint et resta stupéfiée que la sans-abri se rappela de son prénom :
— Ah, Marie-Thérèse, au nom de Dieu, s’pliquez que j’ai le droit de rester devant c’te banque de bourges !
« Au nom de Dieu », Marie-Thérèse ne douta pas une seule seconde qu’elle l’avait exprimée sciemment avec toute l’ironie voulue, il n’y avait rien d’innocent ! Elle intervint, mais en vain, la loi était du côté de la banque, les sans-logis n’avaient plus le droit de faire la manche.
Une fois l’incident passé, elles se baladèrent comme deux amies. La Clodo expliqua à grands gestes une autre anecdote du même acabit :
Elle ne tarissait pas d’anecdotes comme celle-ci. Marie-Thérèse, étant toujours à l’écoute, elle déversait ses histoires comme si de les témoigner lui permettait de s’en affranchir :
Tel était le quotidien de cette fille et celui de tant d’autres, les fantômes de la ville.
La religieuse l’invita à ...