La révolte des démunis
Datte: 05/08/2025,
Catégories:
sales,
nonéro,
mélo,
portrait,
Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe
... profondément dans le terrier du lapin et elle ne remonterait plus en surface. Elle avait dépassé les limites du raisonnable depuis longtemps, et plus le voyage dans la folie dure, au plus il devient difficile d’y échapper.
Louis Jouvert avait d’autres renseignements qu’il se gardait d’exprimer à voix haute. Les ordres étaient bien sûr de l’arrêter. Coûte que coûte ! Le capitaine Louis Jouvert savait lire entre les lignes, il comprenait dans « coûte que coûte » le poids de ces trois mots, lourds de sens et pourtant libres d’interprétation.
L’arrêter pour qu’elle soit jugée engendrerait encore plus de soulèvements, elle était une figure qu’on ne pouvait plus toucher sans craindre une explosion. Il avait les oreilles qui captaient des non-dits et il entendait de plus en plus souvent « un accident est si vite arrivé ».
Ce n’était pas sa vision de la justice et ses supérieurs le persuadèrent que cette bombe à retardement pourrait être la goutte d’eau faisant déborder le vase qui ferait vaciller la France dans une guerre civile. Louis Jouvert analysait les données qu’il avait en sa possession et se posait la question philosophique : la fin justifie-t-elle les moyens ? Alice morte, on éviterait une guerre civile qui serait responsable de bien plus de morts, la mort d’une personne pour en sauver des milliers d’autres.
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Depuis bien longtemps, le mouvement avait échappé à Alice, elle tentait de garder les rennes, mais ses lieutenants ne l’écoutaient plus ...
... et travaillaient avec les organisations syndicales. Certains accords furent même trouvés avec l’extrême droite.
Dans les revendications que tous relayaient tel le téléphone arabe, plus une seule fois le sort des vagabonds, des va-nu-pieds, toute la cohorte d’épouvantails de la société, n’était mentionné. Alice, pourtant l’icône du mouvement, avait été mise de côté, elle et tous les siens.
À Paris, Lille, Marseille, Toulouse, Lyon, Rennes, Bordeaux, Strasbourg et toutes les autres villes de France, les révolutionnaires s’étaient organisés et étaient à présent coordonnés. Une ligne directrice était à présent clairement définie, il fallait mettre à bas les institutions : Bercy, les préfectures et sous-préfectures, les mairies et les communautés urbaines. S’il existait maintenant une ligne d’attaque, cela n’empêchait pas quelques groupes informels de s’en prendre aux petits commerces et autres enseignes.
Jamais la violence n’avait atteint un tel paroxysme. Les tabassages, les viols et les exécutions sommaires étaient devenus monnaie courante. Le gouvernement décréta l’état d’urgence, demanda l’aide de l’armée et le couvre-feu fut endurci.
La France était le centre du monde et certains anarchistes des pays voisins se joignirent au mouvement, sûrement dans l’espoir de l’exporter prochainement chez eux.
Debout derrière les barricades de la rue nationale, Alice hurlait ses ordres, elle haranguait les hommes à ne pas flancher. L’ennemi leur faisait face, un ennemi ...