La révolte des démunis - Histoires de Sexe

La révolte des démunis

... vers Lucas pour immédiatement revenir à ses cartes posées sur une grande table et, comme s’il n’existait pas, s’entretint avec des hommes en armes autour d’elle. Lucas chercha dans ce parterre d’individu un visage connu, mais aucun des sans-abris qu’il avait appris à connaître n’était aux alentours. Seul son chien restait fidèle, comme un vestige de son ancienne vie.

Il était au seuil, n’osant aller plus de l’avant, impressionné par le charisme de cette rebelle et attendant qu’elle daigne lui donner l’autorisation de parler.

Une minute passa avant qu’elle ne s’adresse à lui d’un ton qui se voulait autoritaire :

— Que nous veux-tu, plénipotentiaire ?
— Plénipotentiaire ? s’étonna-t-il. Alors, on en est là ? Tu me considères comme ton ennemi ?

Elle lui répondit avec encore plus de morgue dans son air de combattante aguerrie :

— Qu’es-tu venu faire, sinon de tenter de mettre fin à tout ça ? Tu n’es pas venu pour me conter fleurette, tu n’es même pas venu de ton plein gré, n’est-ce pas ? Tu es venu parce qu’on te l’a demandé, je me trompe ?

Il était inutile de lui mentir, Lucas ne chercha pas à la contredire et lui dit qu’il parlait pour la sœur Marie-Thérèse en plus de la police. Elle se radoucit un peu lorsqu’elle entendit le nom de la sœur et demanda auprès de l’émissaire des nouvelles de celle qu’elle aimait de tout son cœur.

— Ah, Marie ! Quelle brave femme ! J’aurais tant voulu qu’elle soit ma mère.

Elle laissa égrainer les secondes, sûrement ...

... plongée dans un souvenir, avant de se reprendre :

— Je suis sûre qu’elle déplore toute cette violence, mais on ne nous a pas laissé le choix ! Nous n’avions pas d’autres moyens pour nous faire entendre…
— Nous ? coupa Lucas. Regarde autour de toi ! Où sont tes compagnons d’infortune ? Ils ne sont plus là, Alice, ils ne te suivent pas ! Il n’y a là que des mercenaires et des nihilistes qui n’aspirent qu’à tout détruire. Et pourquoi ? Avez-vous seulement la moindre vision d’un lendemain ? D’une politique plus juste ?

D’un geste, elle empêcha un de ses hommes de sauter sur Lucas, le discours ayant été moyennement apprécié par les rebelles, et calmement, elle répliqua :

— Pour qui te prends-tu ? Tu viens chez nous la bouche en cœur et tu nous insultes ? Nous ne sommes pas des guérilleros, comme le disent la presse et tous ses cochons de journalistes, nous sommes des révolutionnaires. Une fois que le pouvoir sera ébranlé, nous ferons nos propositions. Ils ne pourront pas les refuser. Alors, écoute-moi, petit scénariste pour la télé, retourne dans tes pénates apprendre à des filles décérébrées à dire « Allo ? Non, mais allo, quoi ? » et ne reviens jamais plus me dire ce que je dois faire !

Lorsque Lucas expliqua, complètement dépité, comment s’étaient déroulées les négociations à sœur Marie-Thérèse et à Louis Jouvert, tous trois tombèrent dans un grand abattement, car tous trois comprirent que la machine lancée, plus rien ne pourrait l’arrêter, Alice avait chuté encore plus ...