La révolte des démunis
Datte: 05/08/2025,
Catégories:
sales,
nonéro,
mélo,
portrait,
Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe
... l’imaginer coupable.
Elle décida d’aller droit au but, la finesse ne fonctionnait pas avec Alice :
— Tu as entendu les dernières nouvelles ? Un homme s’est fait massacrer il y a deux jours…
Elle lui coupa la parole :
— Oui, je sais, c’était un des trois salops qui s’en sont pris à Patrick… Bien fait pour ce fils de…
— Tu ne penses pas ce que tu dis.
— Si, Marie, c’est bien fait pour sa gueule, il a tué Patrick ! lui répondit-elle sèchement.
Elle n’avait pas besoin d’en rajouter pour que Marie ait malheureusement la confirmation de ses soupçons. Elle était à présent bien embarrassée, son devoir lui dictait d’en informer le Capitaine Jouvert, mais son cœur lui suppliait de garder pour elle ses pensées. Elle n’avait d’autre choix que de téléphoner au Capitaine.
Elle en parla également à la Mère supérieure qui l’enjoignit à se confesser. Seul Dieu lui donnerait le réconfort et ôterait les doutes qui l’assaillaient. Avait-elle raison d’en informer la police ? Était-ce une trahison ? Pourquoi se sentait-elle si mal de faire son devoir de citoyenne ?
Depuis son plus jeune âge, Louis Jouvert avait soif de justice, c’était ancré dans ses veines, aussi se destinait-il à une carrière dans la magistrature, mais en épousant cette filière, il comprit que sa soif de justice ne serait aucunement assouvie, et il n’avait pas non plus une très haute opinion des policiers qui, bien souvent, ne regardaient que la surface d’une affaire et se contentaient de mettre ...
... quelqu’un derrière les barreaux, qu’il fût coupable ou innocent. Fervent lecteur de Doyle et de Poe, il comparait souvent le travail minutieux et les déductions astucieuses de Sherlock Holmes ou encore d’Auguste Dupin au travail des policiers de son époque, et se lamentait que les bons enquêteurs n’étaient pas légion. Ainsi, la critique souvent entendue que dans la police il y a un panier de crétins était, elle, relativement vérifiable.
Son père arguait souvent que la critique était facile, et qu’elle supposait qu’à la place de l’autre, le critique soit capable de mieux. Facile à dire, pas facile à faire. Certains adages faisaient office de religion dans sa famille. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même était un des crédos moteurs de la famille Jouvert.
Que la justice ait des failles, il n’en doutait pas une seule seconde. Elle manquait cruellement de moyens. Faute de places dans les prisons, le magistrat devait faire des choix qui allaient à l’encontre de ses valeurs… aussi bifurqua-t-il dans ses études pour épouser le métier d’enquêteur de police. Très vite, il s’avéra très doué et grimpa dans la hiérarchie plus vite que quiconque. Aussi était-il très respecté. Louis Jouvert était une personne d’une rectitude impeccable, un être introverti à la limite d’une personne fermée. Il n’était pas d’une nature enjouée et beaucoup de ses collègues se demandaient s’il était capable de sourire. Les paris faisaient bon train.
Respecté, même un peu craint, mais aucunement ...