La révolte des démunis
Datte: 05/08/2025,
Catégories:
sales,
nonéro,
mélo,
portrait,
Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe
... troubles.
Les regards étaient tournés sur les émeutiers, il fleurait un parfum de guerre civile : anars et gauchistes contre fascistes et nationalistes. Dans la cohue se mêlait le mécontentement des policiers qui se sentaient abandonnés par leur hiérarchie, la justice ne suivait plus. Ils arrêtaient un fauteur de trouble qui avait un casier long comme le bras et le voyaient libre le lendemain de l’interpellation.
Personne, sinon les proches des victimes, ne remarqua le soulèvement des miséreux. On ne pleura pas la mort du skinhead des coups des clochards ni même on ne plaignit Monsieur Stevenin, rossé par ces mêmes miséreux.
Les vandales cassaient pour le plaisir de casser, les pilleurs volaient des télévisions, des téléphones, tout ce qui avait un lien avec le high tech, les skinheads battaient les bougnoules et les rebeuh, les gauchistes tabassaient les fachos, les supporters de foot se cassaient la gueule entre eux, les flics ne savaient plus où donner de la matraque. Dans cette atmosphère de rêve nourrie de haine, il aurait été facile d’attribuer la mort du jeune skinhead aux émeutiers, mais elle n’échappa pas à la sagacité du capitaine de la DRPJ de Lille, le capitaine Jouvert, de même que le tabassage d’un homme au volant d’une Mercedes dernier cri. Le capitaine comprit assez tôt que ces deux faits-divers étaient liés et les preuves pointaient vers un tout autre type d’agresseur que l’anarchiste dont la police avait l’habitude, mais vers une autre population : ...
... les sans-abris.
Cette situation était pour le moins surprenante, jamais le Capitaine n’avait entendu parler d’une exaction perpétrée par un sans domicile fixe. La plupart des SDF étaient connus des services de police pour des faits bien moins graves : ivresse ou trouble sur la voie publique, insultes sur des personnes dépositaires de l’autorité. Le cas le plus violent dont il avait eu à traiter était une vitrine cassée par un jet de brique. L’auteur des faits avait attendu sagement l’arrivée de la police, sûr qu’il passerait une nuit au chaud dans une cellule et qu’il aurait un repas.
Mais là, c’était d’un tout autre niveau. Il mena une enquête consciencieuse et comprit assez vite que les agresseurs étaient nombreux. Les sans-abris n’étaient pas faciles d’accès, ils ne se livraient pas aisément ; il demanda à des policiers de terrain qui côtoyaient régulièrement cette population d’avoir quelques renseignements. Les SDF restaient muets, évasifs. Deux jours d’enquête venaient de passer lorsqu’un agent eut vent de la présence répétée d’une sœur, bénévole aux Petits Frères des Pauvres.
Le Capitaine alla à sa rencontre, cette sœur était probablement la plus à même à dénicher des informations. Il exposa les faits, un mort et un autre homme battu sauvagement par plusieurs sans-abris. Ces révélations plongèrent la sœur dans une intense réflexion. Il comprit qu’elle avait une idée derrière la tête, mais il ne la brusqua pas.
— Ma sœur, si vous entendez la moindre rumeur, ...