1. La révolte des démunis


    Datte: 05/08/2025, Catégories: sales, nonéro, mélo, portrait, Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe

    ... ou demandaient des autographes. Elle acceptait d’un sourire jaune, mais surtout contre une ou deux piécettes qu’elle donnait à ses amis de la rue.
    
    Lors d’un enregistrement en public, tandis qu’elle posait son éternelle question, à savoir : « qu’est-ce que je viens foutre ici ? », la sœur la vit pâlir. C’était la première fois qu’elle voyait sa Supertramp être décontenancée. Que se passait-il ?
    
    Un couple de quinquagénaires s’approchait, main dans la main comme pour s’encourager. Timidement, le monsieur, les larmes aux yeux, s’adressa à soliflore :
    
    — Alice ?
    
    Soliflore blanchit comme sous l’effet d’une peur irrépressible. Elle ouvrit la bouche, mais ne sut quoi dire.
    
    Puis la femme à son tour parla :
    
    — Ma chérie ! Reviens, ma chérie, je t’en supplie.
    
    À ses mots, Soliflore balbutia « maman », puis s’effondra en pleurs avant de s’enfuir du studio.
    
    Restée seule avec ses parents, la nonne les invita à la cafétéria pour boire un café. C’est ainsi qu’elle apprit le véritable prénom de Supertramp. Elle s’appelait Alice, elle était issue d’une famille bourgeoise, très riche. Son père était un entrepreneur très en vogue et sa petite entreprise s’était rapidement muée en une multinationale. Quant à sa mère, elle était de descendance d’une grande famille bourgeoise.
    
    Leur fille, Alice, après l’obtention de ses diplômes, vouée à une carrière où la réussite et la richesse allaient de pair, alla faire une retraite spirituelle à Calcutta. Elle y rencontra la misère ...
    ... et s’amouracha des valeurs de ses gens. Lorsqu’elle revint de ce voyage, elle avait radicalement changé et vouait à présent une haine farouche pour tout ce qui s’apparentait à de la richesse et voulait mettre à bas le système économique capitaliste.
    
    Après un nombre incalculable de discussions enfiévrées, elle quitta le foyer familial. Cela ne faisait pas loin de dix ans que ces parents la cherchaient. Ils avaient commissionné des détectives privés, aussi surent-ils que leur fille était une sans domicile, mais rien de plus ne leur arriva aux oreilles. Puis, ils regardèrent la nouvelle émission en vogue…
    
    La religieuse quitta les parents en pleurs et leur assura de son soutien pour faire rapatrier leur fille dans son foyer. Alice, elle s’appelait Alice, Alice au Pays des Merveilles. Elle avait suivi le lapin blanc dans son terrier, mais ce dernier ne renfermait pas que des douceurs à l’intérieur.
    
    Lucas, affolé d’avoir perdu son experte, vint vers sœur Marie-Thérèse et l’enguirlanda tout en se signant. On n’élève pas la voix à une femme de Dieu. Mais, cet opportuniste avait plus d’un tour dans son sac, il vit dans la présence des parents de Soliflore/Alice, une occasion en or pour faire pleurer les chaumières. Ainsi, ils déballèrent toute la vie d’Alice à la face publique, montrèrent des photos, et bientôt la Supertramp fut la petite mère du peuple, une icône de la contestation, une image de l’anticapitalisme, une sainte de l’audiovisuel qui avait préféré fuir un statut ...
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