Une femme naturelle - Histoires de Sexe

Une femme naturelle

... racontent des vertes et des pas mûres, et qu’il y a de sacrés cochons. Mais, tu les connais, ils sont souvent très directs :« Est-ce que tu suces ? », « Est-ce que tu aimes ça aussi par le petit trou ? », « Tu dois être une grosse cochonne qui ne pense qu’à se faire baiser ». C’est un peu toujours la même rengaine, pas trop d’imagination, ces gens-là. En plus, ils sont toujours pressés :« Ton tél., ton Skype, ton email, ton adresse, tes photos à poil, vite, vite, vite, et ton cul en prime ! ». Déjà, tous ceux qui veulent tout, tout de suite, c’est-à-dire la majorité, je les blackliste. Idem pour les trop jeunes et pour les trop vulgaires. Dans un premier temps, je cherche juste à discuter, à échanger, à parler d’eux, de moi, de cette putain de vie pas toujours drôle, comme je le faisais d’ailleurs avec toi.
— Et puis, ensuite, tu les invites ici, pour des parties de jambes en l’air.
— Ah, ah ! Oui, ça arrive, pourquoi te le cacher ? Mais pas souvent, pas tant que tu le crois en tout cas. Je ne suis pas une Marie-couche-toi-là, si c’est ce que tu veux savoir. Et puis, il y en a aussi qui sont venus, et avec qui je n’ai jamais rien fait, il y en a d’ailleurs pas mal des comme ça… En général, lorsqu’ils voient le tableau, ça les refroidit, ces excités, et ils rebroussent chemin aussi vite qu’ils sont venus, parfois sans prendre la peine de discuter un peu. Ils devaient imaginer, avant de venir, que j’étais plus belle que sur la photo, plus jeune et plus sexy aussi, alors ...

... quelle déception en me voyant ! Tout le contraire de ce qu’ils avaient pu fantasmer. Ce n’est pourtant pas faute de les avoir prévenus.
— En tout cas, moi, je te trouve très attirante.
— Tu es gentil… Mais j’ai vraiment hâte d’être un peu plus autonome, d’avoir suffisamment d’économies pour pouvoir faire réparer cette foutue voiture, pour aller me balader toute seule, sans rien demander à personne. C’est déprimant d’être confinée ainsi chez soi. Comme tu l’as vu, je marche très mal. Si je sors d’ici à pied, au bout de quelques centaines de mètres, je n’en peux plus, je suis obligée de rebrousser chemin et de rentrer dare-dare. Impossible pour moi de sortir du hameau pour aller marcher dans le bois d’à côté, je ne suis pas assez véloce.

Au bout du troisième apéro, nous étions tous les deux un peu hilares. Je suis allé pisser et, quand je suis revenu, profitant que je passais derrière elle, j’ai tenté ma chance, j’ai plongé mes mains dans son giron pour palper son opulence. Mais elle m’a immédiatement saisi par les poignets et m’a fermement repoussé, sans animosité, cependant.

— Arrête, s’il te plaît, sois gentil, je te trouve vraiment très cool, mais je t’avais prévenu : « Avec moi, il ne se passe jamais rien la première fois ! »

Je me suis confondu en plates excuses, espérant ne pas avoir définitivement gâché mes chances pour une seconde entrevue. Mais il n’en fut rien, on s’éternisa tout l’après-midi autour d’un déjeuner succulent, repas qu’elle avait pourtant concocté ...