Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale (42) : « Les délices du genre humain »
Datte: 13/07/2025,
Catégories:
Partouze / Groupe
Auteur: Olga T, Source: Hds
... quand elles ne cocufient pas leurs maris, les empoisonnent par leur érudition avant de le faire pour de bon et de toucher l'héritage. Érudite et hypersexuelle, Tullia aurait dû être au cœur des cibles de Juvénal.
Comme nous y avons fait référence au chapitre 26, « La Bona Dea » Juvénal a mentionné Tullia dans sa Satire VI :
« Quelle réserve attendre de la passion sensuelle, quand le vin s'y ajoute ? Elle est capable, dans ses caresses, d'étranges confusions, celle qui, jusqu'au milieu des nuits, mord dans d'énormes huîtres, tandis qu'écument les parfums versés dans le Falerne pur et que, buvant à un vase en forme de coquille, elle croit voir le plafond tournoyer et le nombre des flambeaux doubler sur la table. Va-t'en douter, maintenant, de l’attitude de Tullia et des propos que tient Maura, sa sœur de lait, quand elle passe près de l'antique autel de la Pudeur. C'est là que, la nuit, elles font arrêter leurs litières, c'est là qu'elles inondent de longs jets la statue de la déesse ; elles se chevauchent réciproquement et se trémoussent sous les regards de la lune, puis elles regagnent leur logis »
C’est la seule fois qu’il parle explicitement de notre matrone. En fait, Juvénal, prudent, se garde bien de s'en prendre aux empereurs régnants et à leur entourage. Il écrit après la mort de Domitien et publie sous les règnes de Trajan et d’Hadrien. Or Tullia était la concubine de Titus, ami du père de Trajan. Même après sa mort, s’en prendre à elle revient à s’attaquer à ...
... la mémoire vénérée de Titus. Et le nouvel empereur ne peut laisser dire que son père a bénéficié des faveurs de Tullia, avec l’accord de Titus, devenu candauliste (voir chapitre 34 : « la vie inimitable »). Dans l’entourage de Trajan, on trouve aussi deux sénateurs influents Caius Spurius Tullius, fils de Tullia et Cnaeus Domitius Curvius Tullus, frère de Lucanus, le mari de Domitia, fille de Tullia. L’un et l’autre ne veulent pas qu’on rappelle le passé scabreux de la patricienne.
Juvénal n’en n’ignore pourtant rien car il a bénéficié des confidences de deux témoins privilégiés.
Le premier est le poète Martial, qui a été un des amants de Tullia et de Fausta, pendant la période des banquets, entre 54 et 57, qui finissaient en orgies à Baïes et notamment lors des saturnales ou du scandale de la Bona Dea. Vivant par la suite à Rome de 64 à 98, Martial fut proche du pouvoir et toujours à la recherche de protections. Il a suivi de près les tribulations de Tullia au cours de toutes ces années et il constitue une source précieuse pour Juvénal. Martial a seulement demandé à son ami de ne rien publier de son vivant.
Par le canal de Martial, Juvénal a fait aussi la connaissance d’un autre témoin de la vie de Tullia, le rhéteur Quintilien, qui fut l’avocat de Tullia lors du scandale de la Bona Dea, puis un de ses amants dans ce cadre candauliste voulu par Titus. Il assistera à cette dramatique réunion qui convainquit Titus, à son avènement, d’en finir avec « la vie inimitable ...