J'ai eu 30 ans - Histoires de Sexe

J'ai eu 30 ans

... piquet de tente, le mode d’emploi de Décathlon dans une main, la bite dans l’autre, en se demandant s’il n’avait pas loupé une étape indispensable dans la séquence.

Est-ce qu’ils baisaient vraiment comme ça, les gens ? pensais-je, assise sur le lit, les yeux plus perdus dans le vide que véritablement plongés dans la scène. Puis on a entendu du bruit au-dessus de nous, des pas sur le plancher, des rires féminins, et on a compris qu’Anne et Constantin rejoignaient eux aussi leurs quartiers, sous le toit. Et peu après, une rumeur a monté, me prouvant que Koukine et Kouka ne dormaient pas. Jules s’est mis à sourire.

— Toi qui as le sommeil léger, va te falloir un peu de patience.
— Qu’est-ce qui t’inspire ce pronostic ? Je me trompe ou tu as des infos de source sûre ?
— Des soupçons ?
— Intuition féminine…
— Oh, je peux bien te l’avouer, il y a prescription…
— Une seule fois ?
— On va arrondir à quatre.

On en a rigolé, tous les deux. Ça ne m’étonnait pas trop. Anne adore séduire, j’ai l’impression qu’elle préfère même ça au sexe. Et puis c’était rassurant : elle a plutôt bon goût.

— Anne n’est pas seulement bien foutue. Elle est aussi très démonstrative, a averti Jules.

Les échos de la musique nous parvenaient depuis le jardin où s’agitaient encore les vrais insomniaques. Anne y superposait des gémissements et bientôt des cris, un remix particulièrement suggestif qui n’allait pas tarder à atteindre son climax. Comme quoi l’amour et l’amitié peuvent bel et ...

... bien parfois se mélanger.

J’ai fini par apercevoir le post-it posé sur l’écran, et lu à haute voix la dédicace de Ben :« Grande gueule, petite bite : dis de ma part au raseur de moins causer et d’en prendre de la graine. » Je me suis retournée vers le poster épinglé au mur, j’ai lancé à Jules un regard de prédatrice, et puis sans crier gare, je suis passée à l’attaque.

— Chiche ! Position N° 1 !

Je l’ai repoussé sur le lit sans ménagement, je l’ai enjambé, et puis j’ai entrepris mon travail de sape et désape. Le féminin de macho, c’est machette ? En tout cas, assise sur lui, je l’ai tout déballé, tout débroussaillé, tout tripoté, tout peloté à vif, en long, en large, en diagonale. Un harcèlement en règle.

— Ah le petit salaud ! Tu sais que tu m’excites, toi ? À poil, mon joli ! Que tu le veuilles ou non, tu vas passer à la casserole !

C’était une pluie tactile et une averse de provocations rieuses qui se déversaient sur mon homme-objet, une agression amoureusement sexuelle.

— Alors comme ça, on baise mes copines ? Je ne suis pas jalouse, je ne demande que justice. Rétroactive. Je veux la même chose, et au centuple ! Toutes les filles que t’as connues ! Tout ce que tu leur as fait, avec tes doigts, avec ta langue, avec ta queue ! Je veux la rétrospective, l’encyclopédie complète et tout de suite, tout pareil et en mieux, en plus dur, en plus doux, en plus tendre, en plus violent, en plus endurant ! T’es pas près de dormir !

Bien entendu, il n’a pas tardé à se ...