1. J'ai eu 30 ans


    Datte: 01/07/2025, Catégories: fh, couple, anniversai, amour, reconcil, caresses, pénétratio, nostalgie, portrait, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    Résumé de l’épisode précédent :
    
    Le temps des amis. Un amour qui naît.
    
    Salut, c’est Fiona. Je me tape l’incruste.
    
    C’est vrai qu’il est bavard, mon Jules. Il en fait parfois des tonnes. Ça m’a toujours fait sourire. À lui les mots, à moi les pinceaux. Je vous dessine quelques croquis, ça ira plus vite pour vous résumer la suite. Si je le laisse faire, au vu de tout ce qu’il a déjà tartiné à propos d’une après-midi, vous allez y passer la semaine.
    
    J’appuie donc sur la toucheFast Forward. Celle qui nous téléporte huit ans plus tard, huit ans après le jour de la neige. Atterrissage un peu brutal aujourd’hui, ou plutôt hier.
    
    Hier, j’ai eu trente ans. Jolie chanson de Le Forestier, d’ailleurs, celle-là, même si elle n’est pas davantage de ma génération. À l’occasion, réécoutez-là, il n’y a pas que Dylan dans la vie. Avec modération, faites gaffe, ça remue un bon paquet de mélancolie.
    
    Et vlan, bon anniversaire, Fiona !
    
    Jules a dû vous parler deLa Belle École. De Ben, des autres. De Dylan, un peu. De moi, beaucoup, beaucoup trop sans doute. Il est parfois brouillon, intarissable, inlassablement sentimental, aussi sûrement que je suis impulsive et vis dans l’instant.
    
    Il a dû vous parler du temps qui passe. Parfois long, parfois si court. Huit ans de relation. Rien ne fut mesquin, rien ne fut moche, même nos disputes. Rien ne fut banal non plus, ce mot-là n’appartenait pas à nos vocabulaires.
    
    Nous avons d’abord vécu en étudiants nomades, chacun chez soi ...
    ... pour la forme, plus rarement pour le sommeil. Et puis vint le temps de l’indépendance financière, de la première paye, et celui des vaches maigres quand il s’agit de se loger à deux à Paris. On est alors bien heureux de vivre d’amour et d’eau fraîche : au moins, tous les sacrifices sont-ils joliment payés. Nous finîmes par trouver un appartement à la surface inespérée : 80 mètres carrés plus que défraîchis coiffant un petit immeuble vétuste de la colline du Télégraphe. Un logement vieillot, comme son couple de propriétaires, mais s’ils n’étaient pas très enclins à le rénover, ils n’étaient pas non plus gourmands. C’est bien entendu moi qui ai négocié, un peu comme pour le manteau, et c’est tout attendri qu’ils nous ont concédé trois mois de loyer pour rendre le bien plus présentable. Au moins pouvions-nous le retaper à notre goût et à notre rythme.
    
    Et puis il y avait ce luxe : un balcon qui ne tarda pas à fleurir, et une deuxième chambre exiguë mais baignée de lumière, qui eût pu servir de bureau, mais où Jules m’offrit d’installer mes toiles et mon chevalet. J’en fus plus que reconnaissante, émue. Même si nous nous aimions, conserver des plages de liberté, des espaces de solitude choisie, nous semblait salutaire. Sans être géant, ce logement nous évitait l’oppressante expérience du huis clos.
    
    Il vous a sans doute dit qu’il me trouvait talentueuse. Peut-être a-t-il raison, j’essaie de toujours y croire, malgré les années qui passent et les promesses qui tardent à se ...
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