1. Le grand appartement


    Datte: 17/06/2025, Catégories: fh, fplusag, douche, extraconj, diffage, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe

    ... lui-même dans la buanderie ses slips et ses chaussettes, son jean et ses trois tee-shirts et il retourna travailler dans le petit bureau où les livres le détournaient en permanence de sa tâche. Il y avait là Arnaud et Le Clézio, Modiano et Céline, Irving et Hemingway, il avait envie de tout lire, et de ne plus jamais rien faire d’autre que lire. Mais son hôte attendait du texte, alors il écrivait, dans le désordre, passant de Saint-Simon à Keynes, de la révolution de 89 aux trente glorieuses. Il ne savait pas encore si cela lui servirait à sauver son année mais la pratique de l’écriture le ramenait dans le monde et il aimait, il adorait regarder Olympia lire son travail de la journée quand il la rejoignait à l’heure du thé.
    
    Elle mettait des lunettes pour lire et se concentrait sur sa prose, lui permettant de l’observer pendant un moment sans être gêné, le dessin de ses lèvres, l’arête droite de son nez, ses fins sourcils, l’extrême délicatesse de son oreille. C’était délicieux. Sans compter les remarques élogieuses qu’elle ne manquait pas de faire à chaque fois et qui lui allaient droit au cœur qu’il sentait parfois proche d’éclater. Il était dans un état qui ressemblait au bonheur, le souvenir de la petite Noémie s’effaçait petit à petit et bien sûr, quelque chose manquait à cette situation étrange mais il ne parvenait pas à dire exactement ce que c’était.
    
    Maintenant qu’il était installé à demeure, ils avaient plus de temps de conversation. Il y avait toujours le ...
    ... rituel du thé, mais aussi la préparation des repas à laquelle Antoine avait exigé de participer et le temps des repas eux-mêmes, Ils commentaient les informations, qui tournaient toutes encore et toujours autour de la pandémie, du professeur Raoult et du futur vaccin et parlaient aussi de leurs lectures, de cinéma, des endroits du monde qu’ils avaient visité l’un et l’autre, Olympia semblait être allé partout. Cependant, maintenant qu’ils étaient engagés dans un tête-à-tête permanent, ils ne parlaient plus d’eux-mêmes, comme s’ils devaient contourner le sujet parce qu’il y avait quelque chose qui ne devait pas être dit.
    
    Et puis il y eut les petits déjeuners. Le premier, le mardi matin, Antoine entra dans la cuisine, une immense pièce lumineuse et très bien équipée, avec notamment un énorme percolateur qui le fit rêver, à huit heures parce qu’il avait fait sonner son téléphone pour se réveiller, pour la première fois depuis des semaines. Olympia lui tournait le dos, elle lavait un mug devant l’évier. Elle portait une longue chemise de nuit fleurie, légère, sous laquelle on ne remarquait pas de marques de sous-vêtement. Ses cheveux étaient défaits et tombaient en longues grappes dans son dos. C’était la première fois qu’Antoine la voyait ainsi. Jusque-là, elle portait toujours un chignon sophistiqué et assez strict et le jeune homme s’étonna de la longueur de ses mèches et en vit aussi quelques-unes de grises, ce qui l’étonna car il ne pensait pas à elle comme à une vieille ...
«12...678...17»