1. Le grand appartement


    Datte: 17/06/2025, Catégories: fh, fplusag, douche, extraconj, diffage, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe

    La vie de la plupart des étudiants est de plus en plus difficile et précaire et celle d’Antoine ne faisait pas exception à la règle. Quand on est issu d’un milieu populaire et qu’on ne doit compter que sur soi-même, la vie est un combat permanent pour simplement assurer l’essentiel. Antoine recevait une bourse bien sûr, et les APL mais cela n’assurait que le strict minimum, loyer, alimentation. Avec ça, pas question de s’acheter des vêtements, de sortir au cinéma ou en discothèque.
    
    Aussi, lorsqu’en mars 2020 le confinement a été décrété, la fac et surtout la bibliothèque universitaire où il passait la plus grande partie de ses journées ont fermé et il s’est retrouvé plus isolé que jamais, coincé dans sa misérable chambre, sans autre accès à internet que son téléphone portable. Antoine habitait dans un ancien grenier, divisé en huit chambres minuscules et mansardées, 12 m2 avec des toilettes et deux cabines de douche au bout du couloir. Au bout d’une semaine, il tournait en rond dans cette pièce comme un lion dans une cage.
    
    Il ne pouvait plus étudier. Préparant un mémoire de master en histoire de l’économie, il passait tout son temps à engranger toutes les références possibles sur son sujet, c’est-à-dire un aller-retour permanent entre des recherches sur le net et les documents disponibles à la bibliothèque universitaire, lieu qu’il avait élu comme bureau de travail car il y avait l’usage d’un ordinateur connecté et aussi parce qu’une certaine bibliothécaire, souriante ...
    ... et serviable, commençait à beaucoup lui plaire. Il n’avait pas encore fait le premier pas et maintenant, il était hors de question de l’inviter à quoi que ce soit et de toute façon, il n’avait même pas ses coordonnées. Il ne savait que son prénom, Noémie, et il se le répétait à longueur de journée, allongé sur son lit, le seul endroit de sa chambre où il pouvait s’installer confortablement.
    
    Pour éviter de devenir fou, il s’écrivait des autorisations de sortie fréquentes pour aller acheter une bricole dans les magasins du quartier, il descendait quatre fois par jour pour inspecter sa boîte aux lettres qui était toujours vide. Il habitait un vieil immeuble haussmannien du centre-ville et si la plupart des étages étaient desservis par un ascenseur antique aux grilles en fer forgé, il devait lui descendre et remonter ses six étages à pied car on ne lui avait pas confié de clef ouvrant les grilles de l’ascenseur. Descendre et remonter était donc devenu son activité sportive principale, son activité unique d’ailleurs car le reste du temps, il déprimait sur son lit, lâchant les livres au bout de quelques lignes incompréhensibles, délaissant son portable, les messages plus ou moins humoristiques de ses copains lui semblant d’une vacuité complète.
    
    Il en était là au bout de deux semaines, en pleine dépression, quand il croisa une voisine devant les boîtes aux lettres. Elle était en train d’ouvrir la sienne quand il déboula de l’escalier, sautant les marches deux par deux pour se ...
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