1. Le grand appartement


    Datte: 17/06/2025, Catégories: fh, fplusag, douche, extraconj, diffage, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe

    ... ici ?
    — Oh, je… oui, bien sûr, mais…
    — Pas de mais s’il vous plaît. L’affaire est entendue. Vous pourrez venir travailler dans ce bureau chaque jour, disons, de 13 heures, après le café que nous boirons ensemble, jusqu’à 17 heures, l’heure du thé, évidemment.
    — Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas trop comment vous remercier, je… c’est trop.
    — Ecoutez, jeune homme, je ne me suis jamais sentie obligée de faire quoi que ce soit dans ma vie, je ne vais pas commencer aujourd’hui. Si je vous sauve de la dépression, je crois que vous allez vous aussi me sauver de quelque chose. Et si vous tenez à me remercier, vous me dédicacerez un exemplaire de votre travail quand il sera publié.
    
    C’est ainsi qu’Antoine s’est installé dans le bureau-bibliothèque des Azoulay tous les après-midi pour travailler à son mémoire et en commencer enfin l’écriture. Cela est venu lors de leur première conversation pendant le thé, le lendemain de la proposition de madame Azoulay. Parlant de son travail, Antoine expliqua honnêtement qu’il avait un problème sérieux de procrastination et qu’il accumulait depuis des mois des références, des citations et des notes parce que l’idée de rédiger le terrifiait. Il avait à un moment donné eu une idée si extraordinaire de ce qu’il était capable de produire que maintenant, il avait tout simplement peur de ne pas être à la hauteur de lui-même. Olympia le regarda un instant en penchant un peu la tête sur le côté et Antoine, sans la regarder vraiment, remarqua ...
    ... que c’était tout à fait gracieux.
    
    — Eh bien, dit-elle, voilà à quoi je peux vous être utile dans cette aventure. Tous les soirs, à l’heure du thé, je veux que vous me présentiez ce que vous aurez écrit pendant la journée. Je ne serai pas capable de juger de la qualité de ce que je lirai mais au moins, cela vous donnera une raison supplémentaire de vous mettre vraiment au travail, n’est-ce pas. Et moi, je serai moins bête en me couchant le soir.
    
    Plus tard, allongé sur son lit dans sa petite chambre, les mains croisées derrière la tête, Antoine repensa longtemps à cette discussion, il se repassait chaque phrase de son hôte pour comprendre ce qui se jouait entre eux. Elle avait dit « je veux », elle voulait quelque chose de lui. Pourtant, elle n’était pas sa mère même si elle en avait l’âge et ils se connaissaient à peine. Et puis, cette tête penchée, ces lèvres parfaites dessinant un si beau sourire le laissaient perturbé. Y avait-il des enjeux qu’il ne comprenait pas encore tout à fait ?
    
    Les autres jours, ils abordèrent des sujets variés, et se trouvèrent curieusement très souvent d’accord, bien que leur expérience du monde soit si différente. Ce n’était jamais ennuyeux et jamais difficile. Il y avait toujours entre eux une légèreté qu’Antoine avait du mal à s’expliquer. Olympia(dans sa tête, il disait Olympia) était une femme libre, intelligente alors que tout ce que disait cet appartement, ce quartier bourgeois du centre-ville, lui indiquait des gens riches et bornés, ...
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