Le grand appartement
Datte: 17/06/2025,
Catégories:
fh,
fplusag,
douche,
extraconj,
diffage,
Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
... dans l’ex-colonie chinoise.
— Bonjour, Monsieur Azoulay, dit poliment Antoine.
— Vous êtes qui, vous ? répondit sans le regarder le mari en le bousculant presque pour entrer. L’amant de ma femme ?
— Et si je l’étais, rétorqua le jeune homme, vous feriez quoi ?
— Je vous casserais la gueule. Où est ma femme ?
— Sortie. Je ne crois pas que vous me casseriez la gueule, vous n’avez pas la carrure.
— Mais qui êtes-vous, bordel ?
— L’amant de votre femme.
— Putain de petit con ! beugla le cravaté en se jetant sur Antoine.
Ils s’agrippèrent violemment l’un et l’autre, une chemise craqua, des boutons volèrent et ils roulèrent au sol, renversant un vase certainement ancien et précieux qui attendait depuis le début qu’une bagarre survienne. Philippe tenta de décocher un coup de poing à la figure de son adversaire mais leurs corps emmêlés et la proximité de leurs visages empêchèrent la manœuvre de réussir. D’un coup de reins puissants, Antoine envoya valdinguer le mari qui tentait de lui grimper dessus et il entreprit à son tour de le chevaucher comme un taureau furieux, mais ce fut aussi un échec car l’autre se tortillait comme un ver et gueulait comme un putois. À ce moment, la scène aurait pu mal tourner car Philippe venait de ramasser un coupe-papier sur la table basse et s’apprêtait à s’en servir comme d’une arme de deuxième catégorie. Mais la porte d’entrée était restée ouverte tout ce temps et Olympia qui rentrait poussa en les voyant un hurlement si puissant ...
... qu’il arrêta le combat aussitôt.
— Vous êtes fous ! cria-t-elle. Philippe, pose ça tout de suite ! Antoine, sortez d’ici, rentrez chez vous ! Tout de suite, Antoine, je ne le répéterai pas.
C’est ainsi qu’Antoine retrouva son horrible petite chambre, vide, car toutes ses affaires étaient dans la chambre d’ami du troisième étage. Il s’allongea sur le lit et il croisa les mains derrière sa tête. Il ne savait pas quoi faire. Il pleura. Un vrai gosse, pensa-t-il, et il essaya de s’arrêter de pleurer mais il n’y parvenait pas. Il avait plusieurs endroits du corps qui lui faisait mal mais il avait surtout mal à l’intérieur. C’était très très douloureux. Il s’endormit.
Quand il se réveilla, il faisait nuit. Par la fenêtre, il voyait les lumières de la ville et il se dit qu’il devrait descendre chercher un bar pour se saouler avant de se rappeler qu’ils étaient fermés jusqu’à nouvel ordre. Retour à la case départ, donc. Cela avait été une merveilleuse aventure mais il allait falloir reprendre comme avant, les repas merdiques, les nuits merdiques, la solitude et le dégoût de tout. Antoine se dit qu’il n’aurait pas ce courage. Il se demanda si le plus simple ne serait pas d’ouvrir la fenêtre et de sauter, la petite cour pleine de rats l’accueillerait six étages plus bas mais pour ça aussi il n’avait pas le courage. Il aurait voulu pleurer encore, mais il n’avait plus de larmes.
En regardant autour de lui, il vit au pied du lit un livre oublié « Les détectives sauvages ». Il ...