La lampe d'Aladdin
Datte: 23/05/2025,
Catégories:
A dormir debout,
Auteur: Philus, Source: Hds
... à huile à la main. En apercevant la maîtresse de maison, il la reposa avec précaution sur la table basse devant lui. Plus en colère qu’effrayée, Sophie s’écria :— Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? Comment êtes-vous entré ?
L’inconnu, un trentenaire de type méditerranéen, vêtu à la mode des années soixante, leva les deux mains en direction de Sophie, paumes en avant en signe de paix.
— N’ayez pas peur, je vais vous expliquer si vous me le permettez.
Étrangement, Sophie ne ressentit plus ni colère ni crainte, mais restait méfiante. Elle s’assit dans un fauteuil face à l’intrus en veillant toutefois à laisser une certaine distance entre eux.
— Je vous écoute, lâcha-t-elle du bout des lèvres, et tâchez d’être convaincant.
L’homme se rassit et s’éclaircit la voix.
— Voilà. Je m’appelle Alberto Bonili, je suis né à Naples en 1937, je…— 1937 ! Vous auriez donc quatre-vingt-quatre ans, vous vous foutez de moi ! Bon, j’appelle la police, interrompit Sophie en sortant son téléphone portable.
— Non ! Non ! Attendez ! Vous allez comprendre.
De plus en plus sceptique, elle déclara :— Continuez, mais la prochaine fois, c’est les flics !
Ignorant la menace, Alberto poursuivit.
— Mes parents, ma petite sœur de huit ans et moi avons émigré en France quand j’avais dix ans. Mon père était maçon et la France était en pleine reconstruction après la guerre. Nous nous sommes installés à Lyon, l’entreprise de mon père fonctionnait bien.
Un jour de 1966, je suis ...
... allé me promener au marché aux puces de Villeurbanne. Un exposant vendait cette lampe, il la désigna de la main, et je la lui ai achetée. Par hasard, alors que je la saisissais très délicatement, un génie m’est apparu, mais là, je ne vous apprends rien.
— En effet, vous ne m’apprenez rien, confirma Sophie, mais continuez, ajouta-t-elle soudain intéressée.
— J’ai fait un premier vœu qui s’est bien déroulé. Permettez-moi de rester discret sur celui-ci.
Se souvenant des paroles de Rafah faisant état de « conséquences dramatiques » si elle émettait un deuxième souhait, Sophie écouta avec encore plus d’attention.
— J’ai tenté le diable et j’ai voulu profiter du génie en formulant un deuxième vœu, pourtant il m’avait prévenu que je risquais de le regretter. Je n’ai pas tenu compte de son avertissement et j’ai exprimé mon deuxième vœu qui s’est déroulé aussi bien que le premier.
— Et alors ? intervint Sophie qui commençait à s’inquiéter.
— C’est alors qu’est apparue chez moi une femme d’une quarantaine d’années que je n’avais jamais vue. Elle m’expliqua, comme moi-même je le fais actuellement, que c’était à mon tour d’être dans la lampe.
Sophie, hébétée, ne saisissait absolument rien et restait muette.
Profitant de l’incompréhension manifeste de son interlocutrice, Alberto poursuivit.
— Je connais le parcours de cette lampe jusqu’à vous qui habitez Bordeaux. Qui sait où vous irez vous-même ?
Alberto se ménagea une pause, puis il reprit.
— Oui, je ...