Le château - Histoires de Sexe

Le château

... Je ne voudrais certainement pas avoir à lutter avec lui. Mais il n’en est pas question. Il s’approche et me questionne sans me saluer.

— C’est vous le Monsieur Ness, notre visiteur ? dit-il avec un accent local difficilement compréhensible.
— Je, oui, c’est moi.
— Veuillez me suivre.

Je le suis donc. Nous montons à l’étage, parcourons un long couloir sombre et pourvu de nombreuses portes fermées pour parvenir à une double porte que mon guide pousse des deux mains.

— Monsieur Ness, Madame, dit-il d’une voix forte avant de s’effacer devant moi.

J’entre. La pièce est immense, trois croisées gigantesques l’éclairent sur un côté ; à l’opposé, un arbre entier brûle dans une cheminée tout aussi imposante. Au centre de la pièce, une grande table de bois et devant la table, debout avec les mains serrées l’une contre l’autre, la maîtresse de maison, je suppose, une grande dame, encore très belle malgré les ravages du temps qui a déjà fait son œuvre, vêtue d’une robe longue et claire, froncée à la taille et qui dessine une très jolie silhouette. Elle est bien faite et ses formes sont mises en valeur.

— Bonsoir, monsieur le rescapé. Madame Moorland. Je suis ravie de vous accueillir dans notre demeure. Vous arrivez pour l’heure du thé, ce qui va vous permettre de faire la connaissance de notre petit univers. Vous avez déjà croisé mademoiselle Sally et monsieur Bridge, sans qui nous ne saurions vivre aussi loin du monde.
— Je vous remercie de votre hospitalité, madame, ...

... et je m’efforcerai de ne pas en abuser. Si vous pouvez seulement m’indiquer un moyen de rejoindre mon auberge, je ne vous dérangerai pas plus longtemps.
— Ce n’est pas si simple que vous le croyez, cher monsieur. Dans nos contrées, il ne suffit pas de vouloir pour faire. La nature a un pouvoir de décision, elle aussi et, avec la nuit qui vient, personne ne se risquera sur la digue pour vos beaux yeux. Je crains donc que vous ne deviez abuser de mon hospitalité et rester ici pour la nuit. Cela dit, ce n’est pas pour me déplaire. Nous manquons souvent de compagnie et un invité surprise est plutôt une bonne nouvelle. Ah, voici la jeunesse du domaine qui arrive.

Je me retourne vers les portes et effectivement, deux jeunes gens s’avancent dans mon dos, une très jeune femme, presqu’une adolescente, à la peau d’une blancheur extrême, aux longs cheveux blonds et aux yeux magnifiquement bleus et un homme de quelques années plus vieux, son frère, je suppose, puisqu’il est lui aussi très pâle, très mince, avec des yeux noirs qui me fixent avec intensité. La jeune femme porte le même genre de robe longue unie que la maîtresse de maison, sa mère probablement, tandis que l’homme porte un superbe kilt en tweed et une chemise noire sans col. Ils sont tous deux extrêmement beaux et j’ai du mal à les quitter des yeux quand la femme qui m’a accueilli reprend la parole pour me les présenter.

— Monsieur Ness, voici le joyau de ce domaine, Alicia et le maître de tout, notre Prince.

Je les ...