1. 0310 Un coup de tonnerre déchire l’horizon.


    Datte: 12/05/2025, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... Campan », je sens une joie immense m’envahir, comme un réflexe pavlovien. Car Campan est un mot magique, le plus magique de tous, celui qui évoque le bonheur avec Jérém, le bonheur le plus parfait.
    
    « Et je me demandais, il continue, hésitant… si tu voudrais venir me rejoindre…— Je ne sais pas… » je ne trouve pas mieux à répondre.
    
    Car, si je pense à la joie qu’éprouverait Ourson à retrouver P’tit Loup dans sa douce tanière au pied de la montagne, je pense aussi à sa souffrance de l’été et à la rancœur qu’il en a gardée.
    
    Et je pense à Ruben, que je n’ai pas envie de trahir.
    
    Et je pense à Ruben, à qui je ne saurais pas comment expliquer cette absence.
    
    Et je pense à Ruben à qui je serais obligé de mentir.
    
    Et je pense à Ruben, et à comment je pourrais lui mentir sans qu’il ne se doute de rien.
    
    Et je pense au bobard que je devrais lui servir pour partir tout un week-end, et à la façon dont je pourrais gérer ses éventuels appels pendant mon absence.
    
    Et je pense à comment je pourrais faire pour que non seulement Ruben ne se rende compte de rien de ce qui se passerait à Campan, mais aussi sans que Jérém se rende compte de ce qui se passe à Bordeaux. Car non, je ne veux pas que Jérém sache non plus. Je ne veux pas qu’il sache que son Ourson est devenu Chaton pendant qu’il le délaissait.
    
    « Je comprends que tu hésites, je l’entends galérer, je me suis vraiment mal comporté avec toi.
    
    — On peut dire ça oui…— Nico, je vais fêter ça avec les cavaliers. J’espère ...
    ... qu’il y aura Maxime. Il y aura toutes les personnes qui comptent le plus pour moi. Et si tu ne viens pas, ce ne sera pas pareil…— Pourtant, tu t’es bien passé de moi pendant des mois !
    
    — Tu m’as manqué chaque jour. »
    
    J’ai envie de pleureur.
    
    J’ai envie de pleurer parce que je le crois sincère.
    
    J’ai envie de pleurer parce nous avons gaspillé tout ce temps, parce que j’ai souffert pour rien, parce qu’il aurait suffi d’attendre.
    
    J’ai envie de pleurer à cause de tout ce qui nous sépare, l’intolérance, l’homophobie, l’ignorance.
    
    J’ai envie de pleurer parce que je sais qu’il suffirait de si peu pour que nous soyons heureux ensemble.
    
    J’ai envie de pleurer parce que j’ai l’impression que tout est pareil entre nous, malgré la distance et les mois sans se voir, sans se parler. Et pourtant j’ai l’impression que plus rien ne sera plus jamais pareil.
    
    Samedi 21 septembre 2002.
    
    Un week-end chez mes parents à Toulouse. Voilà le mensonge que je sers à Ruben pour justifier mon départ, alors qu’il se faisait une joie de le passer avec moi. Ce garçon me touche, vraiment. Je m’en veux de lui mentir, alors que hier soir encore nous nous sommes câlinés, embrassés, offert du plaisir. Et pourtant, je lui mens et je prends la route en direction des Pyrénées Atlantiques.
    
    En partant de Bordeaux, je me dis que c’est la dernière fois que je laisse Jérém bouleverser ma vie, la dernière fois que je reviens vers lui après m’être fait jeter, après avoir souffert, après avoir cru ...
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