1. 0310 Un coup de tonnerre déchire l’horizon.


    Datte: 12/05/2025, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... que je ne le reverrai plus jamais.
    
    En fait, je réalise que Jérém ne m’a jamais quitté. Je repense à ses mots à Paris, lorsqu’il m’a demandé de rentrer chez moi parce qu’il avait besoin d’être seul. « Laisse-moi un peu de temps, le temps que je me sorte de cette merde, le temps que je me retrouve ». Et aussi : « Encore merci, vraiment merci, pour ce que tu as fait pour moi l’autre soir ». Certes, le fait de me demander de partir était difficile à encaisser pour moi. Mais ce n’était pas un adieu. D’autant plus qu’il semblait vraiment touché par ce que je venais de faire pour lui.
    
    C’est son long silence, ainsi que la rencontre avec Ruben, qui a fait que j’ai cru que c’était vraiment terminé entre nous.
    
    Je me demande ce qui se va se passer pendant ces deux jours. Est-ce que nous allons nous expliquer ? Est-ce que nous allons nous serrer très fort et nous faire plein de câlins ? Est-ce que nous allons faire l’amour ? J’en ai tellement envie.
    
    Aujourd’hui, tant d’années plus tard, je me dis que le problème fondamental entre Jérém et moi, c’était que nous avions deux manières différentes de ressentir les choses, deux manières différentes d'aimer et de réagir aux difficultés de la vie. De plus, nous avions du mal à communiquer, ce qui nous conduisait régulièrement à des crises inévitables.
    
    J’avais du mal à appréhender les fantômes qui peuplaient son esprit, à suivre les soubresauts de son âme changeante, à seconder son immense euphorie lorsqu’il se sentait bien, comme ...
    ... à ce moment-là, après son recrutement inespéré par le Stade Français, et à comprendre son désarroi profond, ses crises quand il devait faire face à des moments plus difficiles.
    
    Certaines crises ne sont que le signe de quelque chose à l'intérieur qui crie pour sortir. Ainsi, ses sautes d’humeur étaient les signes d’un tourment qui peinait à se faire jour. Car, sous ses airs de petit frimeur, Jérém cachait bien des fêlures. Il les cachait, car on lui avait appris qu’un vrai mec ne montre pas de faiblesse.
    
    Jérém m’aimait, mais il n’arrivait pas à s’ouvrir à moi quand il n’allait pas bien. Quand il souffrait, il préférait essayer d’oublier son mal-être. Son besoin de faire la fête, de se sentir intégré, accepté, admiré, en cachait un autre plus profond, celui d’oublier ses tourments et ses peurs. Jérém avait besoin de se sentir entouré. C’est la peur d’être seul qu’il cherchait à noyer dans l’alcool, le joint, le sexe, l’admiration.
    
    J’aurais aimé que ma présence suffise à Jérém pour être bien, pour éloigner ses fantômes. Mais ce n’était pas possible, pas toujours. Et cela me faisait énormément souffrir.
    
    J’ai réalisé plus tard, avec plus de maturité et plus de recul, que j’étais « beaucoup » pour lui, mais que je n’étais « pas assez ». En tout cas, pas toujours. Et que si Jérém avait parfois besoin de prendre le large, il ne cherchait pas à me fuir. Je n’aurais pas dû avoir peur de le voir s’éloigner, car il finissait toujours par revenir vers moi. Parce que, comme il ...
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