0310 Un coup de tonnerre déchire l’horizon.
Datte: 12/05/2025,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... monsieur, je le charrie…— Quoi ?
— Bah oui, bientôt 21…— Mais ta gueule ! C’est surtout les entraînements et la muscu, oui ! Cette semaine je n’ai pas arrêté. Et puis, j’ai trop bu ce soir… je suis KO.
— On est bientôt arrivés, je pense…— Moi non plus, je n’y croyais plus, tu sais ? j’enchaîne de but en blanc.
— Je t’ai beaucoup fait attendre, je sais, fait le bobrun en saisissant parfaitement le sens de mes mots.
— Ne me fais plus un coup comme ça, Jérém.
— Promis, Nico, promis ! »
Lorsque le panneau Campan apparaît dans le cône de lumière de mes phares, il pleut. Je regarde Jérém et je réalise qu’il s’est assoupi. Je rate l’embranchement du chemin qui mène à ce Paradis sur terre qu’est la petite maison en pierre, et je me retrouve au village. La pluie tombe sur la petite place comme il y a un an. Sur ma gauche, l’allée bordée d’arbres où je me suis garé il y a un an. La masse solennelle de la grande halle s’impose à mon regard malgré une illumination publique faible.
Et mon esprit est happé par les souvenirs. Je me vois descendre l’allée, le cœur prêt à exploser, je me vois marcher vers la halle, vers le garçon que j’aime, tiraillé entre le bonheur de le retrouver et la colère qu’il ait fallu tant morfler avant cet instant inespéré. Je me souviens de notre baiser, son véritable premier baiser.
Un an plus tard, le scénario se répète. Qu’est-ce que ça me fait mal à chaque fois le voir s’éloigner de moi, et penser que je vais le perdre. Et pourtant, ...
... qu’est-ce que c’est bon, à chaque fois, ces retrouvailles ! Je regarde Jérém assoupi dans la pénombre de ma voiture, beau comme un enfant. J’écoute sa respiration, et je suis heureux, tellement heureux.
Je fais demi tout et je reprends la route. Je roule doucement, je repère enfin le fameux embranchement, et je m’engage dans la petite route. Je reconnais chaque virage, je retrouve chaque émotion. J’arrive dans la petite cour, et je me gare. Et là, à ma grande surprise, alors que je m’attendais à retrouver la petite maison complètement plongée dans le noir, je remarque une lueur mouvante à travers les vitres des petites fenêtres.
Jérém dort toujours. Ça me fait mal au cœur de le réveiller, mais il le faut pourtant.
« Jérém…— Quoi ? il marmonne en se retournant de l’autre côté.
— Nous sommes arrivés… »Aucune réponse vient de sa part.
« Jérém !
— Laisse-moi dormir !
— Tu seras mieux dans la maison et dans un lit, non ? »Un grognement prolongé est sa seule réponse.
« En plus, j’ai l’impression que la cheminée est allumée…— Quoi ? fait le bobrun en se redressant d’un bond. Ah tiens, oui c’est vrai…, il fait hagard, d’une voix pâteuse.
— Quelqu’un a dû l’allumer, je considère.
— J’ai ma petite idée, fait le bobrun en ouvrant la porte de la voiture.
— Mais putain, il pleut toujours ici ! » il s’exclame, agacé.
Nous sortons de la voiture et nous courons vers le petit appentis devant la maison. L’odeur de bois qui brûle saisit mes narines, « and I feel ...