Histoire des libertines (103) : « Njinga, la guerrière »
Datte: 20/04/2025,
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Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... Restauration de l’indépendance portugaise à partir de 1640.
«Celui qui est né libre se doit de conserver sa liberté et de ne pas se soumettre à d'autres», tel est le principe qui guide toute l'action de Njinga.
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Il serait anachronique de présenter Njinga comme une féministe. Pour autant, on ne saurait oublier sa détermination à s’affirmer en tant que femme dans des postures ordinairement réservées exclusivement aux hommes comme l’art de la guerre, l’exercice du pouvoir et de la négociation.
Elle s’habille comme les hommes, du moins quand elle participe au combat. Elle entretient un harem de vaillants guerriers et quand elle épouse Ngola Ntombo, elle l’oblige à s'habiller en femme car elle voulait que tout le monde la considère comme si elle appartenait à la gent masculine. Bisexuelle, elle disposait également d’un harem composé de femmes pour son usage personnel
Certains mouvements féministes ont largement contribué à faire de Njinga l’archétype de la femme qui vit sa sexualité hors des normes morales imposées par la tradition chrétienne ou locale, même si à la fin de sa vie, elle avait interdit la polygamie.
L’interprétation du personnage est ainsi fonction de la situation politico-culturelle du moment. Cela entraîne une recomposition de son image. Les féministes des années 75-80 mettent en avant sa volonté constante de se libérer des interdits touchant la sexualité, évacuant les prédicats que les encyclopédistes ou les écrivains du XVIII° siècle ...
... avaient attachés à son nom (Elle « immolait ses amants dès qu’ils avaient joui d’elle » " écrit Sade dans sa Philosophie dans le boudoir).
Perçue dans la durée, Njinga acquiert une fonction polémique de revendication au service de causes qui sont le produit « du milieu et du moment » et se voit du même coup idéalisée par une série de simplifications (on fait ainsi l’impasse sur le métissage religieux qu’elle a toujours pratiqué entre les rites mbundu et chrétiens, sur le cannibalisme, sur la pratique esclavagiste etc.)
Linda M. Heywood, professeure d'histoire à l'université de Boston, a mis neuf ans à réunir la documentation, recoupant les sources portugaises, jugées partiales, avec celles des bibliothèques en Angola, Italie, France, Vatican, Brésil, Angleterre, et Pays-Bas. Ce travail, à partir de l’étude scrupuleuse d’archives inédites, sera traduit et édité en Français en 2018. Il rend justice à ce personnage hors norme, qui a toute sa place dans l'histoire africaine et mondiale.
Les « vies posthumes « de Njinga comme sa personnalité et ses modes d’actions politiques ne sont pas seulement la preuve de sa survivance dans la mémoire collective africaine ou afro-américaine ; elles suscitent des interrogations qui touchent aux fondements de l’histoire et de l’anthropologie tels les rapports entre barbarie et civilisation, le statut de l‘esclavage et celui de la femme vis-à-vis des institutions politiques. Ce qui fait de la « lionne du Matamba » une personnalité à ...