Histoire des libertines (103) : « Njinga, la guerrière »
Datte: 20/04/2025,
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Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... tourner pour lui. L’Espagne, qui a pris le contrôle du Portugal et de son empire en 1580, cherche en effet à développer la traite des esclaves. Telle est la mission du gouverneur Luis Mendes de Vasconcellos, à son arrivée en Angola, en 1617.
Il en résulte un conflit de la colonie portugaise avec le Ndongo et le royaume du Kongo, qui s’étend du nord de l’actuelle Angola jusqu’au Gabon. Cette période voit le plus grand mouvement d'esclaves africains vers les Amériques depuis le début de la traite, la plupart en provenance de Luanda : entre 1619 et 1624, 11.328 Africains ont été achetés et déportés à Carthagène. Cela n'est interrompu que par la prise de Bahia et le blocus temporaire de Luanda, opérés par la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, en guerre contre l’empire espagnol.
DIPLOMATE ET GUERRIERE
La première mention de Njinga dans les archives européennes remonte à 1622 lorsque son frère, Mbandé veut négocier avec les Portugais, les amener à se retirer d’une forteresse bâtie sur ses terres et à lui restituer certains de ses sujets tenus captifs. Il envoie alors sa sœur à Luanda pour une rencontre avec le nouveau gouverneur, João Correia de Sousa.
Le gouverneur n'offrit aucune chaise à Njinga, l'invitant à s'asseoir sur une paillasse pendant les négociations. Refusant de s'abaisser ainsi, Njinga ordonna à l'une de ses esclaves de se mettre à quatre pattes pour s'asseoir sur son dos. Ce geste est emblématique de la personnalité de Njinga.
Njinga se ...
... convertit alors, une première fois, au christianisme, pour renforcer le traité de paix avec le Portugal, et adopte le nom de Dona Ana de Sousa en hommage à l'épouse du gouverneur, qui est sa marraine.
Le Portugal n'honora cependant pas sa part du traité, refusant de se retirer de la forteresse d'Ambaca et de rendre les sujets du Ndongo. Cet échec poussa le frère de Njinga au suicide. Des rumeurs circulèrent, accusant Njinga de l'avoir empoisonné, rumeurs que le Portugal reprit à son compte pour refuser de la reconnaître comme le successeur de son frère. Njinga assura un temps la régence au nom de son neveu, Kaza, avant de le faire disparaitre. A compter de 1626, elle prit le titre de Reine du Ndongo.
À la tête d'une armée de soldats femmes et hommes, la reine Njinga mena une guerre sans merci contre les envahisseurs qui ravageaient et dépeuplaient l'Afrique centrale, y capturant des esclaves pour les déporter au Brésil dans les plantations de canne à sucre. Njinga décida même de rejoindre la secte terrifiante des Imbangala, des cannibales, afin de contrer et d’effrayer un ennemi mieux armé.
Pendant près de quarante ans de règne, elle mène son armée d’une main de fer contre l’envahisseur portugais, se révélant guerrière implacable et négociatrice avisée entre les différentes puissances africaines et européennes qui l’entourent. Dans une région où les formes traditionnelles d’esclavage (domestique et lié aux prises de guerre) sont une réalité omniprésente, son action ...