1. La bancelle de Noémie


    Datte: 19/03/2025, Catégories: fh, fagée, jeunes, freresoeur, jardin, anniversai, amour, Oral nostalgie, Auteur: Charlie67, Source: Revebebe

    ... au moins le supposais-je. J’adorais sentir son pinceau me parcourir et le verni pénétrer mes pores. Une fois sec, elle passait sa main pour vérifier le lissage, moment d’extase à m’en faire frétiller le duramen.
    
    La vie recommença, intense comme elle peut l’être dans une famille. Le temps passait, je voyais grandir les bambins, Robert bedonné, et Noémie inchangée. La quarantaine lui allait bien. Il n’était que les jours de grands froids où elle venait s’asseoir sur moi. Le matin avec un café et son quotidien, l’après-midi avec un thé et un bouquin et le soir avec sa mélancolie.
    
    Recommençant le cycle de la vie, les enfants s’émancipaient, s’éloignaient pour vivre leurs propres expériences. Les bruits et les turbulences de la maison s’estompaient pour laisser place au silence de la nature et aux soupirs de la toujours belle.
    
    L’homme de la maison s’agitait bien, il y avait son job, ses affaires, son business. Toutes choses qui nous laissaient indifférents, Noémie et moi. Nous coulions nos jours heureux sans nous préoccuper du lendemain. Mal nous en prit… !
    
    Robert, avec son morceau de bakélite invariablement collé à l’oreille, me visitait de moins en moins. Je ne l’intéressais plus que comme un objet fonctionnel. D’ailleurs, un peu comme son épouse. Je voyais bien qu’elle n’était plus qu’un objet pour lui. Bel objet, certes, mais bel objet seulement ! Ce bête parallélépipède de plastique devenait son monde, il conversait et ne s’occupait plus de rien d’autre. Il se ...
    ... réfugiait vers moi et sous ma charmille pour discuter à voix basse et feutrée. Je mis un moment à comprendre.
    
    Il avait une maîtresse… !
    
    Et c’était des « chérie, chérie » et « des bisous, bisous », mais qu’il pouvait avoir l’air con à vouloir jouer le jeune homme à plus de cinquante balais, ridicule… ! On ne le vit plus très longtemps, le bellâtre. Il disparut du paysage, nous laissant Noémie et moi à notre nostalgie des jours heureux.
    
    Il y eut bien sûr l’arrivée de la génération suivante avec force bambins dont je ne me rappelle plus de tous les noms. La belle grand-mère accueillait tout ce petit monde turbulent avec joie. Il y eut les jeux sur les pelouses, les goûters plantureux, les chamailleries pour pouvoir s’asseoir sur moi. Ensuite nous goûtions surtout les grands moments de solitude.
    
    Le vieux jardinier, trop fatigué probablement, avait déclaré forfait. Un jeune gars l’avait remplacé, bien plus énergique, mais bien moins amoureux de notre environnement. C’était la maîtresse de maison qui taillait les rosiers et la charmille. Elle prenait quelques instants de repos sur moi, posant à côté d’elle son panier d’osier et son sécateur, mais gardant son chapeau de paille. Qu’elle était belle, ma jardinière !
    
    C’était maintenant elle qui prenait soin de moi. L’homme de peine me manutentionnait.
    
    — Tu sais, m’dam, tu devrais le jeter, ce truc et t’acheter un super machin en plastique.
    — Non, non, répondait-elle avec son charmant sourire, portez-le dans l’atelier, ...
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