1. La bancelle de Noémie


    Datte: 19/03/2025, Catégories: fh, fagée, jeunes, freresoeur, jardin, anniversai, amour, Oral nostalgie, Auteur: Charlie67, Source: Revebebe

    Étant l’œuvre de Robert, j’avais évidemment droit à tous ses soins. Maintenant, je suis toute tordue, crevassée, écaillée par le temps. J’avais fière allure quand il m’a créé. Le jeune homme s’était lancé dans cette aventure sans trop savoir où cela le mènerait.
    
    C’était un défi pour lui. Son père lui avait dit :
    
    — Tu n’es qu’un incapable, tu ne sais rien faire de tes dix doigts.
    
    Les mains du garçon s’activèrent, scièrent, rabotèrent, percèrent, poncèrent, et me voilà… !
    
    Oh bien sûr, je ne pouvais me comparer à un de ces bancs « design », dessiné par un des derniers artistes en vogue ni à un de ceux du parc voisin tout en fonte et en chêne, fraîchement repeints chaque printemps. Non, je n’étais qu’une bancelle de pauvre sapin ! Mais j’étais la bancelle de Noémie.
    
    J’avais connu la belle dès ma création. Elle venait admirer Robert me peaufinant. Elle avait toujours un mot gentil pour lui, comme pour moi. Elle me trouvait beau, moi, un bête banc. Si j’avais pu, je crois que j’en aurais rougi de plaisir !
    
    Ce n’est pas elle qui m’avait étrenné, même si j’aurais bien aimé… ! Non, c’était cette chipie de Catherine qui m’avait sauté dessus la première. Il fallait dire que l’accueil de la famille était mitigé.
    
    — J’sais pas si ça tiendra, ce truc, disait le père.
    — Ça tiendra pas, ça tiendra pas, continua la petite sœur en sautant à pieds joints sur mon dos.
    — Descends de là, Catherine, tu vas te faire mal intervint la mère.
    
    Cette dernière posa son gros ...
    ... popotin sur mon dos. Pfff, je pliais sous la charge, mais hmmm, je tenais bon… !
    
    — Mais elle est très bien, cette bancelle, bravo mon Robert.
    
    Noémie ne me connut officiellement que le soir de ce premier jour. Elle posa son délicat fessier sur mon dos. Sa courte jupe plissée remonta suffisamment pour que la peau nue de ses cuisses entre en contact avec mon bois. Il faut dire qu’à cette époque-là, je n’avais pas encore les crevasses et callosités qui marquent maintenant mon âge. Aussi éphémère qu’il fût, le contact m’électrisa. Telle une caresse, elle passa deux à trois fois sa main sur mon grain verni. Je savais qu’à tout jamais, je serais la bancelle de Noémie.
    
    La belle regardait le grand dadais de ses yeux de biche. L’invite à la rejoindre ne fut pas comprise. Il pérorait sur la difficulté à me construire et la satisfaction de me regarder. Il parlait, il parlait au lieu de prendre cette frêle menotte, de la caresser, peut-être de la porter à ses lèvres. Non, il soûlait de paroles futiles la pauvre enfant qui n’espérait qu’un geste tendre.
    
    Je ne la revis pas de longtemps. Les vacances scolaires étaient passées et le dur carcan des études retombait sur cette jeunesse. Avant de partir pour l’université, Robert m’installa sous une charmille qu’il tailla harmonieusement pour me donner un couvert confortable. L’endroit, bien choisi, me positionnait près de l’entrée de la propriété avec une vue sur tout le chemin menant à la grande bâtisse familiale.
    
    Je passais là mon ...
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