Premier rendez-vous - Histoires de Sexe

Premier rendez-vous

... catégories où il lui était demandé d’indiquer ses caractéristiques, ses préférences(dont certaines étaient des découvertes, d’autres des pratiques dont elle n’avait pu imaginer que des gens normaux y prennent réellement du plaisir). Puis il s’était agi de définir ce qu’elle cherchait. Un rapide tour d’horizon des profils l’avait désespérée, tant ils étaient nombreux d’une part, mais surtout parce que les pseudos ou les messages les accompagnant l’avaient terrifiée. Il n’était pas question pour elle de s’abandonner à un pervers ou un psychopathe. Elle avait alors choisi de limiter ses recherches à des hommes hétérosexuels, un peu plus âgés qu’elle et dont la poésie relative des messages de présentation, sinon des pseudos lui avait paru rassurante.

C’est ainsi qu’elle avait entamé une relation virtuelle avec un certain Paul78, dont le langage châtié et l’intelligence des propos l’avaient tout de suite mise en confiance. Les premières semaines d’échanges avaient été une sorte d’exutoire pour elle dans lequel elle avait déversé le récit de ces dix dernières années de monotonie affective et sexuelle. Prenant de la confiance, elle avait commencé à exprimer des attentes, voire même parfois des fantasmes que son correspondant avait cultivés pour l’amener à se livrer davantage.

De fil en aiguille, la femme avec un « F » en elle avait émergé et avec elle son envie de séduire. Jusqu’à ce que se pose la question de la rencontre. Il avait fallu quelques semaines pour que Martha ose ...

... franchir le pas. Jusqu’à présent, le caractère adultérin de sa relation avec Paul était resté virtuel et quelque part inexistant. Il était question cette fois de se voir en chair et en os et de franchir le Rubicon pour de bon. Pour la rassurer et y aller par petit pas, Paul lui avait proposé que leur première rencontre dans le monde réel se fasse de manière singulière. Ils devraient se retrouver dans un lieu de passage où elle se poserait en terrasse d’un café ou ailleurs pendant qu’il l’observerait de loin de manière anonyme. Ne connaissant pas son visage, elle ne pourrait jamais savoir s’il était là ou pas ni qui il était. En revanche, ils pourraient communiquer par texto ou par téléphone. Durant ces échanges, il lui donnerait des consignes précises qu’elle devrait suivre scrupuleusement.

Cette idée l’avait tout de suite emballée. S’abandonner aux désirs d’un inconnu, se sentir observée, devenir un objet de fantasme avait trouvé un profond écho en elle. Alors ce matin, en apparences banal, ne l’était en réalité pas du tout. Car affairée dans sa routine habituelle, Martha savait que dans quelques heures, elle y serait, à cette première rencontre.

Martha fit comme à l’accoutumée. La chemise d’Antoine fut prête et pendue sur son cintre à sa place habituelle où il put la prendre et finir de se préparer en avalant un café chaud et des toasts grillés. Benjamin, l’aîné de la fratrie ingurgita en deux temps trois mouvements son encas matinal et, en à peine plus de temps, fut ...