Le 13e étage - Histoires de Sexe

Le 13e étage

... de générosité envers sa collègue à travers un raisonnement logique ? Déménager apportait son lot de tracas, demandait du temps et de l’énergie. Je me retournai sur le dos en l’incitant à inverser nos positions. Sa joue douce vint se poser sur mon abdomen.

— C’est chiant, déménager, non ? lui dis-je pour tenter de résumer ma réflexion. Ça ne te dérange pas de devoir te taper tout ce travail ?
— Je ne suis pas comme toi, Alexis, me répondit-elle en faisant glisser son majeur sur mon torse. Ses yeux semblaient s’intéresser à ce qu’il y avait un peu plus bas. Avec Noémie qui est si souvent à l’étranger, je suis presque célibataire. J’ai tout plein de temps et parfois, je ne sais pas quoi en faire. Et je n’ai pas tant de choses à déménager. Ça va m’occuper de faire des boîtes et de démonter mes meubles IKEA.

Sophie marqua une pause, alors que ses lèvres avaient remplacé son doigt.

— Et tu verras, continua-t-elle en recyclant son doigt pour maintenant caresser mes lèvres, la vue y est superbe.

Je fus temporairement paralysé par ce constat tout simple que Sophie venait de faire indirectement. Si elle n’était plus ma voisine, si elle habitait un peu plus loin de chez moi et dans un immeuble anonyme de surcroît, nous pourrions nous rencontrer chez elle en toute clandestinité. Les possibilités venaient de se décupler, me sembla-t-il. Des rencontres plutôt rares et éparses que nous pouvions nous offrir jusqu’à présent, je sentis qu’il faudrait maintenant tempérer nos ...

... ardeurs pour ne pas abuser de la situation. Après les deux fulgurants orgasmes que j’avais eus, mon filtre à boutades de mauvaise qualité était inopérant et la réplique facile, du niveau de l’oncle ringard, s’imposa :

— La vue est toujours belle avec toi.
— Je suis certaine que tu apprécieras celle que je t’offrirai quand tu me prendras par derrière devant la grande fenêtre de la chambre à coucher.

Je ne trouvai rien d’autre à faire pour répondre à cette proposition que de déglutir bruyamment, et de bander à nouveau. Déjà, je visualisais bien d’autres moments que Sophie et moi pourrions nous offrir dans cette pièce que je n’avais encore jamais vue. Mon imagination s’enflamma et Sophie profita de ma vigueur renouvelée pour venir me chevaucher, encore une fois, comme elle seule savait si bien le faire.

* * *

C’était avec une fébrilité de jeune premier que j’avais composé le numéro de son appartement au clavier à l’entrée de l’édifice où Sophie venait d’emménager. Sa voix rieuse avait grésillé un « Allô, beau Monsieur ! » dans le haut-parleur, avant que je n’entende la vibration du loquet de la porte qu’elle activait à distance. J’avais poussé mon vélo dans l’ascenseur, appuyé sur le 14 (le 13 étant inexistant), attendit que les portes se referment et que la cage de métal m’élève jusque dans un autre monde. Au détour du couloir, la porte portant le « 14 » à hauteur des yeux juste au-dessus de l’œil vitreux du judas était légèrement entrouverte. Je la poussai en balbutiant ...